Pour parler de la Provence, je veux partager ces descriptions si fines, si élégantes, rédigées par mon grand-père, Fernand Leprette, il y a près de soixante dix ans dans son beau livre, la Rose rouge, qui rend hommage à une amie provençale, trop tôt disparue, victime d'un cancer. Mon grand-père était un homme du Nord, fasciné par les lumières du sud, mais tellement respectueux de ces hommes, de ces femmes qu'il rencontrait et de ces paysages qui l'éblouissaient. C'est en homme grandi dans les corons du Cambraisis, venant d'Egypte où il séjournait depuis bientôt trente ans, qu'il décrit ces paysages provençaux qu'il découvre pour la première fois, près de Joucas, non loin de Gordes et de Roussillon, la demeure dont son amie était originaire
Lire la suite de La Rose rouge (extraits)
La poésie se marie bien avec les autres arts, notamment avec les arts graphiques.
La Perse devenue l’Iran est un très grand pays de poésie depuis des temps immémoriaux. Deux artistes iraniens m’ont proposé d’interpréter graphiquement mon recueil de poèmes encore inédit « Dans les fêlures du Temps ». Quelle chance !
Titouan est réfugié à Lorient, et Behi vit en Iran. Le Temps est malléable et ces deux jeunes artistes, grâce aux technologies d’aujourd’hui, arrivent à s’affranchir en partie du Temps et à travailler ensemble à près de 5000 kms de distance pour raconter graphiquement mes poèmes. Quelle aventure!
Maryam est une jeune iranienne qui, elle aussi, a rencontré mes poèmes. Passionnée par la poésie, par la France et la langue française, elle s’est proposée de les traduire en persan. Quel courage !
En échange, Maryam me fait découvrir la poésie persane. Je proposerai ses traductions en français de poèmes iraniens dans la rubrique « Poèmes et mots des amis et d’ailleurs ».
Merci à eux de s’impliquer avec autant de passion dans ces projets longs et difficiles étonnants, surprenants et passionnants.
Antoine Leprette
24 mai 2021
La maison du Pêcheur - Locmiquélic
Lire la suite de Projets
Arghavan Arghavan,
Ma chère branche solitaire séparée de moi
De quelle couleur est ton ciel aujourd'hui?
Est-ce qu'il y a du soleil?
Ou il est encore nuageux ?
Moi, dans ce coin extérieur du monde Je n'ai pas de ciel au dessus de ma tête
Et je ne sens rien du printemps
Dans ce coin sombre oublié
Un souvenir coloré dans mon esprit
Me fait pleurer
Mon Arghavan est là-bas
Mon Arghavan est seul
Mon Arghavan pleure
Arghavan!
Quel est le secret du printemps
Qui vient à chaque fois en m'apportant du chagrin ?
Arghavan! Arghavan!
Tiens-toi droit
Chante ma chanson non-chantée
Chante, chante, chante !
Extrait d’un poème de Hshang Ebtehaj (perse: هوش ) dont le nom de plume est H. E. Sayeh ( سایه, littéralement “Ombre”) chanté par Alireza Ghorbani
Sayeh écrivit ce poème alors qu' il était en prison pour des raisons politiques ( on ne l'a pas laissé écrire ses poèmes librement ). Dans ce poème, il parle avec son plant Arghavan ( français : Arbre de Judée)
Traduction en français de Maryam
Lire la suite de Arghavan
Je ne suis pas un ange, ni un diable, qui suis-je et que suis-je?
Je suis moi.
Ni de vent ni de feu, je ne suis pas que le petit-fils de la terre!
Moi et une petite lampe qui s'éteint sous le souffle d’une brise
Pas d'aube dans ma main, pas d'étoile sur mon front
Moi et une robe serrée qui n'est pas à ma taille
Je n'ai pas le ciel à ma porte, ni Dieu dans les mains
Je ne suis pas le juste absolu, ni injuste, ni mal
Je ne suis pas absolument bon
Je suis ablaq, noir et blanc !
Que je suis impliqué dans le bien et le mal
Je ne laisserai pas ce chagrin s'échapper et ni l'embrasserai, c'est le chagrin ! que devrais-je faire !
Que puisse-je dire d'un adversaire que je ne choisis pas?
Je ne veux pas ajouter du sel sur une blessure permanente
Je ne suis ni le premier fatigué, ni le dernier souffrant
J'ai soif d'un baiser de ses lèvres dont je devrais être reconnaissants dans l’instant
Car Je ne sais pas ce qui m'arrivera demain
Hossein Monzavi
Traduction du persan : Maryam
Chanté par Homayoun Shajarian
" نه فرشته ام نه شیطان"
نه فرشته ام ، نه شیطان ، کی ام و چی ام؟ همینم!
نه ز بادم و نز آتش ، که نواده ی زمینم!
منم و چراغ خردی که بمیرد از نسیمی
نه سپیده دم به دستم ، نه ستاره بر جبینم
منم و ردای تنگی که به جز «من» اش نگنجد
نه فلک بر آستانم ، نه خدا در آستینم
نه حق حقم ، نه ناحق نه بدم ، نه خوب مطلق
سیه و سپیدم : ابلق! که به نیک و بد عجینم
نه برانمش ، نه در بر ، کِشَمَش ، غم است دیگر!
چه بگویم از حریفی که من اش نمی گزینم؟
نزنم نمک به زخمی که همیشگی است ، باری ،
که نه خسته ی نخستین ، نه خراب آخرینم
تب بوسه ایم از آن لب ، به غنیمت است امشب
که نه آگه ام که فردا ، چه نشسته در کمینم
حسین منزوی
Lire la suite de Je ne suis pas un ange, ni un diable
Courir !
Courir !
Encore courir !
Au loin le métro,
Le téléphone dans ma poche,
Dans mon sac, les clefs de ma voiture,
Mon chéquier, mon portefeuilles,
« Bonjour mon amour ! À ce soir ! »
« Salut les enfants ! Travaillez bien ! »
« Vous allez bien madame Martin?
Oui ! Oui ! Je sais ! Vous me direz ? »
Allo ?
Allo ……
Je dérive !
Loin, très loin, dans un nuage de coton,
J’entends des bruits étranges :
Tuuut ! Tuuuut !
Une sonnerie !
Des gens s’affairent autour de moi.
Où suis-je ?
Mon esprit s’envole.
«Qu’est-ce que j’peux faire !
J’sais pas quoi faire !»
« Silence ! J’écris ! »
Anna Karina et Jean Paul Belmondo, dans un paysage de rêve, traversent mon écran intérieur.
J’ai dix ans.
Il fait chaud, très chaud !
Le soleil darde ses rayons brûlants,
L’air vibre au-dessus des touffes de thym,
Le puits et la citerne,
La citerne et le puits.
«Qu’est-ce que j’peux faire !
J’sais pas quoi faire !»
Je m’allonge sur le sol et contemple une mante religieuse avaler son mâle.
Plus loin, une araignée tisse sa toile,
Je lui donne une mouche et la regarde l’envelopper.
Thriller !
Une colonne de fourmis s’agite à double sens,
Une véritable autoroute traverse la campagne,
Je la suis le long des feuilles mortes,
Sur le rebord des branches,
Au travers du vieux mur de pierres sèches.
« Ne s’arrêtent-elles jamais ? »
Du vieux gramophone de la véranda me parvient ce vieil air :
« Y a tant de choses, tant de choses, tant de choses à voir ! »
Je m’allonge sur le sol.
L’incessant crissement des cigales me berce.
Je m’endors !
Ma sœur arrive !
Elle est la comtesse de la Pâte Feuilletée,
Je suis le marquis de la Motte-Piquet-Grenelle du Château de Sceaux.
Nous partons en riant nous construire un château au milieu des lauriers-tain.
Vivre !
Vivre intensément chaque seconde qui passe !
Fermer les yeux !
Écouter le bruit des vaches !
Sentir le soleil se cacher doucement derrière les grands pins,
Couleurs du soir, rouges, roses, bleus, verts, violets et ors mêlés !
Recréer les décors sur la feuille de papier,
Faire jaillir leurs notes sous l’archet du violon,
Faire sonner les mots pour raconter l’histoire !
A quoi pensait le petit Magellan, perché sur son vieux mur de pierres sèches en regardant les vignes onduler à l’infini ?
« Maman ! Qu’-y-a-t’il de l’autre côté des vignes ? »
Sur le sol craquelé par la chaleur torride,
Je construit mon bateau avec des brindilles.
« Vole, nage, affronte la vague et les démons hurlants !
Va mon navire, traverse l’océan !
Va découvrir les îles aux senteurs dorées
Où des enfants tout nus jouent avec la marée.»
Je suis sur la plage,
Un coquillage sur l’oreille et le monde entier me raconte son histoire.
Les enfants vivent une vie chaque jour.
« Tuuuut ! Tuuuut ! »
« Regardez, il émerge, il a ouvert un œil ! »
Je découvre ahuri ces hommes et femmes en bleu qui s’agitent autour de mon lit.
Je fais un signe de la main.
« Vous allez bien ? »
« Oui ! Je dis : « à bientôt ! » à l’enfant. »
Je me lève et m’en vais.
Une légère brise agite les marronniers.
Un air si doux fredonne sur ma joue.
Je sors en sifflotant !
Antoine Leprette
Mercredi 17 mars 2021
La Maison du pêcheur - Locmiquélic
"Dans les fêlures du Temps" recueil en préparation
Fil RSS des articles