Songes avant dormir

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Classé dans : Voyages en poésie, Publications-Evénements Mots clés : Amour

Poème publié dans le n° 185 (Décembre 2021) de la revue Florilège.

 

Les yeux mouillés,

Ma vue brouillée,

Mon regard se noie dans le marc du café,

Images perdues de mes mondes inventés.

Je songe !

 

......................... Suite du poème dans le n° 185 de la revue Florilège

Antoine Leprette

 

Quinze ans

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Amour
Ils se tiennent par la main
Blottis l’un contre l’autre
Au fond d’un bus ou d’un métro
Métamorphose du temps qui passe
Il n’y a plus de temps
Le ciel est rose
Et les immeubles bleus
Avec du jaune aussi
Leur gomme amoureuse efface les chagrins du monde
Les guerres
Les vieux
Les tours
Les miséreux

Ils rient
De quoi ?
De qui ?
De tout
De rien
Et surtout
De tout et de n’importe quoi
Leurs doigts se tricotent
Se chipotent
Se pelotent
Indifférents au monde

Il s’aiment !

Antoine Leprette

Jeudi 28 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
« Singuliers dans la foule » (recueil en préparation)

Aimer

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Amour

Aimer

Aimer encore

Aimer toujours

Aimer jusqu'à plus soif

Et avoir toujours soif

Aimer la vie

Aimer les hommes

Aimer les fleurs

Et les oiseaux

 

Et t'aimer toi,

Toi, toujours,

Toi encore

Aimer dès l'aube

Aimer encore quand c'est la nuit qui se dérobe

Aimer la pluie et les nuages sombres

Aimer les arbres et les ruisseaux qui chantent

Le soleil qui brûle ma peau

Et la glace

Et la neige et ses flocons

 

Je t'aime

J'aime tes yeux

J'aime ta peau

Et le sel sur ta langue

Et le sucre de tes cheveux

Je t'aime

Et aussi tes colères

Et aussi tes manies

Tes désespoirs et tes envies

Et si je suis inquiet de ta peau qui se fane

Si l'angoisse m'étreint quand la bête te mord

Je sers ta main si douce et caresse ta joue

J'embrasse ton front brûlant

Je t'en aime que plus

Et encore

Et toujours

Au commencement du jour

A la fin de la ronde

 

Et j'aime aimer

Aimer encore

Aimer toujours

Dès le matin au petit jour

Et à midi

Et à minuit

 

J'aime rêver

Rêver d'amour

Rêver encore

Rêver toujours

Me faire dorer sur la plage au sommet des montagnes

Surfer sur les embruns dans les sables qui se perdent

La mer à la montagne

La montagne à la mer

Le soleil sur la lune

Et nous sur son étrave

Naviguant aux étoiles

Les comètes comme sillage

 

Et j'aime aussi mes peines

Et encore mes chagrins

Ivre de ma joie toujours

J'aime sentir mes troubles se diluer dans l'eau

Se dissoudre dans le vent

Je suis petit

Tout petit

Tout blotti sur le dos d'un oiseau

C'est un grand goéland

Il m'a pris sous son aile

Il m'emporte très loin, dans les replis du temps

Et je rêve d'impossible

Douceur du temps qui passe quand l'amour me caresse

Antoine Leprette

30 octobre 2019

La maison du pêcheur

Locmiquélic

Extrait du recueil « Pour les yeux d’Isa » Inédit

Circulez ! Y a rien à voir

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Amour
A mes ami(e)s qui ont subi(e)s, M, Ch, L, K, et à tous(tes) les autres...

Un  corbeau s’est posé
Ses ailes l’ont recouvert.
Palais fermé
Gorge nouée
Noyée
Dans un hoquet
Elle cherche à respirer.
Le réveil sonne !
Nouvelle journée.

Soutanes, kippas et djellabas
Vos tapis de prières bien orientés
Vous avez laissé vos corbeaux s’envoler 
Et puissamment se poser.
Les yeux perdus
Le cœur serré
La poitrine presque paralysée
Il affronte chaque nuit.
Terrorisé !

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Papa, tonton et grand-papa
Le frère ou le cousin
Et parfois le voisin
Une main sous le pull
Les doigts entre les cuisses
Le corps tremble, se contracte
Le corps hurle !
Non ! Non !
Mais le corps laisse faire.
Je t’aime, tu m’aimes
Tu es mon premier amour.
Corps anesthésiés
Vies brisées, déchiquetées
Cœurs devenus papier
Cœurs de papier mâché.
Partout des corbeaux se sont posés
Couvrant de leurs ailes des cœurs à jamais glacés.


Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Aimer, baiser, faire un baiser
Un baiser sur le front
Un baiser sur le nez
Un baiser…
Ce n’est pas grave, c’est un bébé
Et je l’aime ce bébé.
Guizou guizou
Bisous partout
Viens donc sur mes genoux,
Viens !
A dada sur mon bidet
Viens mon petit, mon amour
Tu es à moi, ma chose
Tu ris
Mon enfant, ma vie.
Ta peau est si douce
Tu es si tendre
Mon enfant, mon petit.
Viens je vais te montrer
Et le petit grandit.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Maman et grand maman
Grande sœur, tatie, tata
Les yeux fermés
Bouches et cœurs cousus
C’est pas grave mon petit
Mon enfant, ma vie
C’est sa façon d’aimer.
Silence ! Action ! 
Oui mon papa !
Oui mon mari !
Oui mon bon maître !
Maître de maison
Maître d’école
Au basket, au piano, à confess’
Donnée à un mari.
Je t’aime mon garçon, ma fille
Dis moi tout et ne dis rien
Ne dis rien à maman qui sait tout et ne dit rien.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Mon travail, mes enfants, mon mari
Il est tard
Je suis lasse et fatiguée
Sommeil
Il est là dans mon lit
Mais comment ne pas dire oui
Fais ton devoir, c’est écrit
La femme doit obéissance à son mari.

Maquillées, pomponnées
Jupes fendues, gorges déployées
On nous disait :« Sois jolie ! »
Depuis si petites, si petites.
Pour qui ?

Dans le métro, dans la rue, au bureau
Mêmes mains, mêmes sifflets
Dans une cave, dans une voiture
A l’usine, au sortir d’un cabaret
Et jusque dans nos lits
Des hommes de rencontre, des patrons et parfois des maris
Tout le poids de leurs corps, de leurs désirs inassouvis
Souvent sans demander
Souvent sans écouter
Ils prennent
Parfois au risque de nos vies.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants

Vies brisées
Tordues
Assassinées
Le grand corbeau s’en va
Le grand corbeau revient
Ses ailes déployées
Son ombre est là
Ses serres lacèrent 
Tandis que le plumage de sa queue va et vient.

Un enfant, une enfant
Il a vingt ans 
Elle a cent ans
Palais fermés
Gorges nouées
Noyés
Dans un hoquet
Ils cherchent encore à respirer.

Dans le désert de Palestine
Un homme pleure.
Antoine Leprette
Lundi 3 janvier 2022
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Extrait de « Blues du soir » (recueil en préparation) 

L'année s'annonce bien sombre

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Trump n’est plus là mais est tapi dans l’ombre ; Bolsonaro sévit encore, Poutine et Xi Jin Ping s’incrustent. Les bruits de bottes reviennent, en face de Taïwan, en Iran, aux frontières de l’Ukraine... qui accompagnent les hurlements des chiens de prairie (et ce n’est pas gentil pour les chiens de prairie, qu’ils m‘excusent pour la métaphore facile) qui n’ont que la haine à la bouche, pour qui l’autre est toujours l’ennemi par excellence et auxquels trop d’entre nous prêtent des oreilles attentives au prétexte que « Tout le monde à le droit de parler », qu’« Ils ne disent pas que des conneries ! »… Des conneries financées en France par les milliards de l’héritière des cimenteries Lambert ou de Vincent Bolloré, proférées par des spécialistes de la réécriture fantasmée de l’histoire, histoires nationales, religieuses… Nationalismes et ultra-conservatismes religieux même combat, c’est la même façon de penser, dans certains cercles à Paris, Kaboul, Téhéran, dans le quartier de Bnei Brak à Tel-Aviv, à Mount Juliet dans le Tenessee, dans les cercles jihadistes ou dans la folie des réseaux sociaux. Partout s’étend la banalisation du mal dont nous parlait Hannah Arendt en 1963.

Relisons « Rhinocéros » de Ionesco, « Inconnu à cette adresse » de Katerine Kressmann-Taylor, réécoutons la magnifique chanson d’Abd el Malik « Les autres ! », « Anne ma sœur Anne » de Louis Chedid. Méditons ces phrases du pasteur Martin Niemöller qui écrivait en 1946 :
«  Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Puis ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai rien dit. Parce que je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester.  »
Puis ils se sont débarrassés des « malades, les prétendus incurables ». Martin Niemöller qui fut interné en camp de concentration en 1937 racontait : « Je me souviens d'une conversation avec une personne qui se disait chrétienne. Il disait : peut-être que c'est une bonne chose, ces malades incurables coûtent de l'argent à l'État, ils ne sont qu'un fardeau pour eux-mêmes et pour les autres. N'est-il pas mieux pour tout le monde si on les retire de la société ? »
Juifs, musulmans, Noirs, venus d’ailleurs, homosexuels, transgenres, femmes, pauvres, handicapés... enfin, tous ceux qui sont pas comme eux quoi !
Les bruits de bottes reviennent et en plus, ça chauffe ! De plus en plus aussi. Saurons nous sacrifier un peu de nos conforts de vie, revenir à des vies plus raisonnables ? Saurons nous mettre la main à la poche pour que les plus modestes puissent affronter les tempêtes à venir sans être totalement emportés ?

Heureusement, des lumières tremblent dans le noir : la fougue, l’ intelligence et la détermination de la jeunesse qui est notre seul avenir ; des voix aussi, ces grandes voix très diverses, de tous âges, qui sans cesse nous montrent des chemins nouveaux, en Inde, dans les pays arabes, en Amérique du sud, en Afrique, même si certains nous ont quitté (adieu Pierre Rahbi, Desmond Tutu...), les scientifiques du Giec, Edgar Morin, le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, Jorge Mario Bergoglio dit François, Philippe Descola, l’américano-palestinien Edward Saïd, la professeure indienne de littérature Gayatri Spivak, Greta Thunberg et bien d’autres ; des peuples qui osent malgré les balles des assassins, en Afghanistan, au Soudan, en Birmanie, au Tibet, à Hong Kong, en terre Ouïgour…

Le monde bouge, très vite, agité de mouvements internes très forts. Partout dans le monde, des intellectuels d’une jeunesse d’esprit inouïe, pensent ce monde qui n’est pas en crise mais en mutation profonde et très rapide. Les hommes bougent, se rencontrent de plus en plus. En France, en moyenne nous perdons nos parents quand nous avons… 63 ans, les jeunes envisagent leur premier enfant vers trente ans et nos politiques continuent de penser comme dans un XIX° siècle attardé où l’espérance de vie était de 35 ans, voir un XX° siècle qui n’en finit pas de finir, englués dans des peurs de perdre les paradis perdu de leurs enfances fantasmées sans comprendre le dynamisme et la créativité formidable de leurs contemporains de France, d’Europe, d’Asie, d’Afrique, du monde entier. En Arabie saoudite, j’étais époustouflé de la fraîcheur inventive de la jeunesse de ce pays malgré le totalitarisme religieux en place. Les rêves de modernité de mes élèves libanais, syriens, égyptiens, gabonais m’offraient un contraste sidérant mais sévère avec la réalité de leurs États souvent dictatoriaux et la pensée rassie de nos politiques nationaux.

Nous sommes libres, puissamment libres, c’est le fondement de nos existences. Puissent nos contemporains faire les bons choix dans les décisions à venir. Puisse le peuple redevenu foule pour plagier Victor Hugo se reconstruire peuple rejetant la vulgarité triomphante d’aujourd’hui pour s’appuyer sur nos valeurs fortes d’humanisme, actualisées au contact de la différence et par la prise de conscience que nos prétentions à vouloir tout diriger dans le monde sont vaines, datent d’un autre temps et qu’il faut s’enrichir de la pensée des autres qui aujourd’hui, de la Chine au Chili en passant par le Rwanda, pensent ensemble notre planète.

Notre pays n’est pas une réalité hors sol et hors du temps mais une construction millénaire qui s’approfondit chaque jour en s’ouvrant aux autres, de Christine de Pisan à Pap Ndiaye en passant par Léonard de Vinci et Marie Curie, sans oublier les ouvriers italiens, polonais, espagnols, portugais, algériens, africains qui ont creusé nos mines, construits nos routes et nos voitures, qui s’occupent de nos personnes âgées et dont les enfants ont parfois donné des ministres, des scientifiques ou des sportifs de haut niveau et des patrons de start up de plus en plus innovantes.

Il est terrifiant de voir la stupidité des ego dominer et fracturer ceux dont la priorité des priorité devraient être de s’unir pour freiner, si cela est encore possible la catastrophe climatique en marche, pour empêcher la peste noire et brune de se répandre plus, d’aider les plus modestes d’entre nous, partout, à traverser les épreuves à venir, d’approfondir l’union de nos peuples d’Europe face aux menaces du monde et de rétablir les ponts avec nos amis d’Afrique et d’ailleurs autrement que dans des rapports d’une arrogance vestige du passé. Multiplions les partenariats avec les lycées, les universités africaines, facilitons les voyages de notre jeunesse...

Aujourd’hui, la parole des femmes et des anciens enfants se libèrent. On ne peut que s’en réjouir. Les enfants, les femmes n’appartiennent à personne, ni à leurs parents, ni à leurs pères, ni à leurs mères, frères, oncles ou grand-pères. Il faut toujours, encore et toujours le crier haut et fort. Nul n’a le droit de disposer du corps et des âmes des autres, en aucune manière. Jamais ! Quelque soit nos fois, nos convictions intimes.

Le monde avance toujours, cahin-caha, de façon parfois plus qu’étrange mais c’est source d’espérance. C’est avec une émotion très forte que j’ai pu admirer à la télévision ces derniers jours, moi qui ai vécu dans les déserts d’Arabie, une jeune femme saoudienne, cheveux au vent, le casque à la main, fière d’être une femme debout, actuelle 13° de sa catégorie dans le Dakar saoudien. Même si le Dakar est une connerie à l’heure du réchauffement climatique.

 

Antoine Leprette

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