Qui es-tu donc beau masque?

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté, Singuliers

Poème publié dans le numéro 64 de la revue Intervention à Haute Voix de Décembre 2022 sur le thème "Masques" (IHV est un atelier de poésie qui dépend de la section art créatif de la MJC de la Vallée à Chaville - cliquer sur la page de couverture pour en savoir plus)

"On" avance masqué dans ce monde webisé!

Qui se cache derrière sa signature ?

Qui êtes-vous donc

Anonymous, Archi blabla,

Missjenny, Fabi-Gaga,

Bisounours, Guigui 33?

Ce n’est qu’un jeu nous dira "On" !

"On" s’amuse à Zorro.

"On" veut séduire les dames, flatter les beaux messieurs,

"On" peut se sentir un géant, se trouver enfin beau,

"On" peux clamer haut et fort,

Crier,

Hurler

Ses désirs,

Son désespoir,

Se sentir puissant,

Sans risque,

Peinard derrière son clavier,

Triomphe de la lettre anonyme.

"On" peut aussi injurier, insulter, tuer parfois,

Sans crainte,

Bien protégé par écran interposé,

Apparence tragique du vide,

Masque désuet pour cacher le néant

De vies mornes et ternes,

Sans passions, sans amoures,

La trouille au cœur, la peur au ventre.

*

Masqués ! quel beau métier !

Mais là, se joue une autre histoire !

Acteurs, chanteurs, mimes et danseurs

Portent nos drames et nos passions

Sur les scènes du monde entier,

Sur les écrans, à la télé,

Miroirs infinis de nos petites vies

Pour faire frémir, pour faire rêver.

Ils passent d’un monde à l’autre,

Transforment leurs corps,

Pétrissent leurs visages.

Leur peau est une pâte qui nous donne des frissons.

*

Toi, moi, lui, elle,

Qui es-tu donc beau masque ?

Au carnaval de Venise,

Au bal masqué du sous-préfet,

A la soirée de chez Dédé,

Je peux changer d’identité

Moi qui suis un et multiple,

Pluriel et singulier,

Mes mille et un moi enfin délivrés.

J’étais homme,

Je deviens femme.

J’endosse sa parure pour être son amant, son amante,

Être folle ou pédé,

Être riche et puissant,

Un peu fou, possédé,

Laisser vivre enfin mes pulsions refoulées,

Être beau, une fois !

Jouer à être laid,

Contrefait !

*

Du Tibet au Mali,

Au Japon, en Colombie,

A New-York, en Papouasie

Se joue une autre comédie.

Dansez, jouez masques ténébreux !

Pour recréer le monde,

Pour approcher les dieux,

Accompagner nos morts

Au-delà de la vie,

Pour déjouer nos peurs,

Apprivoiser nos pleurs,

Maquillez ! Embaumez !

Dessinez ! coloriez !

Rien ne sera trop beau

Pour protéger nos vies.

 

Antoine Leprette

Vendredi 23 juillet 2021 – La Maison du Pêcheur – Locmiquélic

Extrait de « Singulier(s) dans la foule » (recueil en cours)

Le vieux pantin de bois

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers, Amour

Poème publié dans le numéro 64 de la revue Intervention à Haute Voix de Décembre 2022 sur le thème "Masques" (IHV est un atelier de poésie qui dépend de la section art créatif de la MJC de la Vallée à Chaville - cliquer sur la page de couverture pour en savoir plus)

L’homme triste est seul.

Il sourit à l’extérieur,

Il pleure à l’intérieur.

Il semble vivant quand on le croise

Mais son âme est morte depuis longtemps déjà.

Il fait semblant !

 

Il fait beau, la vie est belle !

Sautez, dansez mesdemoiselles !

Ses mains applaudissent ,

Le spectacle est grandiose.

Les danseurs, les comédiens, les musiciens, les baladins

Font rire, font pleurer,

Font vibrer les âmes à l’unisson des émotions

Mais au fond de son cœur, la joie s’en est allée,

Les sensations sont mortes.

Lui, n’est plus qu’un vieux pantin de bois,

Son nez s’allonge, il fait semblant !

 

Elle est partie celle qu’il aimait,

Elle est partie, cancérisée !

Et avec elle les rires, les couleurs, les musiques, les flonflons.

Il voudrait rire encore

Et encore chanter,

Remplir encore, encore son âme des beautés de ce monde.

Il veut y croire !

Il doit y croire !

Il sourit doucement à ses amis, à ses parents

Mais son regard est mort.

Ce sont les yeux du poisson que l’on vient de pêcher,

Les yeux de celui qui voit la vie s’en aller, à petits pas,

La vie de celui qui ne comprend pas pourquoi la vie s’en va.

La tristesse est sa compagne, son amante, sa maîtresse,

Il voudrait vivre mais n’y arrive pas.

Alors, il met son masque,

Le masque de Jean-qui-rit pour cacher Jean-qui-pleure.

Il a honte car il a peur que sa tristesse fasse peur.

Il sourit au monde

Et pleure à l’intérieur.

Il est l’homme triste qui ravale ses larmes quand il croise un ami.

Ses larmes ? Il les garde pour les confier à l’oreiller

Quand il pleure doucement sur son amour assassiné.

Là ! Il ne fait plus semblant !

 

Il est l’homme triste, il est l’homme qui pleure.

 

Antoine Leprette

Jeudi 15 juillet 2021 – La Maison du Pêcheur – Locmiquélic

Extrait de « Après le départ d’Isa » (recueil en cours)

 

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