Publié dans le n° 192 de la revue Verso
Il avance à petits pas
La nuit est son royaume
Une nuit sans étoiles
Il écoute le monde
La musique du monde
Sur le balcon au-dessus des toits
Il parle aux chats
Et aux oiseaux aussi
Il aime bien les oiseaux
La nuit est son royaume
Une nuit étoilée de sons, d’odeurs,
Chaque vibration fait résonner son corps
Il regarde le monde
Ses yeux à l’intérieur
Il respire longuement la douceur du soir
Il l’aspire le monde
Renifle ses parfums
Les parfums du monde
Il frissonne
Revient, à petits pas hésitants
Son piano s’agite sous la caresse de ses doigts
Longues et douces fiançailles
Les notes courent, bondissent, ricochent
Sur les étoiles de sa nuit
Il joue sans s’arrêter dans ses ténèbres sans fin
Ses notes sont ses couleurs
Et sa musique interroge nos silences intérieurs
Antoine LEPRETTE
Jeudi 28 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Publié dans le n° 192 de la revue Verso
Dans la chambre sous les toits,
Des étoiles clignotent dans la lucarne bleutée,
Muettes,
L’homme les regarde,
Leur parle avec ses yeux.
Tous les soirs,
Tous les soirs,
L’oreille tendue vers leur silence,
Il guette.
Sa compagne n’est plus,
Le silence l’a prise.
Elle était son amour,
L’amour d’une vie.
Il est aujourd’hui compagnon des étoiles,
D’une étoile.
Dans la rue, on rit, on marche, on fait du bruit.
Assourdi de silence,
Il attend.
Quand le froid l’envahit,
Seul,
L’homme prend son violon,
L’archet s’envole,
Bach chante.
Antoine LEPRETTE
Samedi 23 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Publié dans le n° 192 de la revue Verso
Nous fabriquons le cadre
Nous posons les couleurs
A chaque seconde
A chaque heure
Nous nous inventons
Nous créons l’univers.
Antoine LEPRETTE
Mercredi 1 décembre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Publié dans le n° 190 de la revue Florilège
Hommes, femmes,
Enfants déconnectés
Dans la rue, au café, dans le bus, au restaurant,
Ils avancent, soliloquent à voix haute tel ces fous d’un monde pas si lointain,
la prothèse sur l’oreille, tel des cyborgs.
Où sont-ils ?
Perdus dans les fils d’une toile invisible,
Ils se frôlent, se côtoient,
Se voient-ils ?
Se parlent-ils en dehors des écrans ?
Je ne sais.
Au loin, le soleil se couche sur Groix,
Incendie sur l’océan.
Les cyborgs admirent...sur leurs écrans.
Je me sens invisible.
Ont-ils si peur ? Peur d’être, peur de l’autre ?
Tel François d’Assise, je m’en vais parler aux arbres,
Aux oiseaux, aux fourmis et pourquoi pas aux poireaux.
Nous en rêvions, nous l’avions imaginé dans nos romans, au cinéma.
Je suis là devant eux.
Ils ont créé l’homme invisible, transparent,
Une nouvelle espèce : homo invisibilis.
Nous vivons dans le bruit des ondes, images, sons, blablas sans fin.
Nous n’écoutons plus le silence.
Peur de soi, de l’infini, peur de l’autre,
Qui sont-ils tous ces errants ?
Antoine LEPRETTE
Dimanche 08 janvier 2023
Saint-Jean d’Arvey
Publié dans le numéro 189 de la revue Florilège
S’allonger sous un arbre et contempler le monde
Noir sur fond blanc
Blanc sur fond noir
Mains de l’arbre, écheveau de ciel s’interpénètrent
Qui est quoi ?
Le regard suit les méandres
Arbre blanc sur fond d’orage
Arbre noir sur ciel de printemps
Les réalités s’entrecroisent
Comment suivre le fil ?
Antoine LEPRETTE
Mercredi 6 juillet 2022
La Maison du Pêcheur – Locmiquélic