La Rose rouge (extraits)

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Poèmes et mots des amis et d'ailleurs Mots clés : Nature, Vivre

Pour parler de la Provence, je veux partager ces descriptions si fines, si élégantes, rédigées par mon grand-père, Fernand Leprette, il y a près de soixante dix ans dans son beau livre, la Rose rouge, qui rend hommage à une amie provençale, trop tôt disparue, victime d'un cancer. Mon grand-père était un homme du Nord, fasciné par les lumières du sud, mais tellement respectueux de ces hommes, de ces femmes qu'il rencontrait et de ces paysages qui l'éblouissaient. C'est en homme grandi dans les corons du Cambraisis, venant d'Egypte où il séjournait depuis bientôt trente ans, qu'il décrit ces paysages provençaux qu'il découvre pour la première fois, près de Joucas, non loin de Gordes et de Roussillon, la demeure dont son amie était originaire

Extrait de "la Rose rouge" - Fernand Leprette - Editions Studer S.A. - Genève - 1952

"... sans réserve, j'ai cédé au charme de ce coin de Provence. A cette heure encore, dans cette hostellerie où les circonstances viennent de me conduire et qui n'est pas tellement éloignée d'Aix, sa ville natale, ni de Joucas, le lieu préféré de son enfance, j'éprouve la même impression et me sens au plus près de l'amie que le dur Paris vient de nous ravir si brusquement. jusqu'à cette falaise de la Sainte-Baume, qui clôt l'horizon, se révèle dans l'air transparent et léger, un paysage un peu sec avec la netteté d'une épure. Chênes, cyprès, pins et marronniers nous envoient par bouffées leurs odeurs végétales. Le grincement des cigales et des "cigalouns" emplit nos oreilles. Et, le long de l'allée qui conduit à un point d'eau, très rare en cet endroit et très précieux, - à les regarder d'en bas, du sol où l'on gît, - les platanes aux membres ronds, musclés et lisses, serrés dans leur écorce comme dans le tissu d'un maillot collant, emportés par un élan de danseurs, nous offrent la plus saisissante image de la sensualité. Telle est la Provence."

Et plus loin: "La Provence, celle dont je vais vous parler, c'est la campagne romaine, avec sa colline violette, ses touffes buissonneuses, ses lapins, sa farigoule et son thym, son très haut ciel de cobalt et, sur ses pentes, l'étincellement de l'olivier. C'est une nature latine à grands horizons, mouvementée, nerveuse, pleine d'odeurs, de bruits et de silences, quasi indifférente à la faim de l'homme, gratuitement belle, comme peuvent l'être une femme, une statue, un tableau."

Et enfin, décrivant le vieux mas de son amie Hélène: "Rien qu'en regardant autour de soi, sans avoir besoin de faire un pas, on remonte à plus d'un siècle. Un siècle, ce n'est pas grand'chose, mais cela vous permet tout de même de dire d'où vous venez, qui vous êtes, ce que vous êtes. Traversez les mers, courez le monde, tâtez de tous les climats, de toutes les races. Vous restez de Joucas et point d'ailleurs. (...). ,La Provence est sobre. La Provence est également secrète. Vous ne savez rien du pouvoir de Joucas."

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