A t’on encore le droit de rêver un peu ?
Un poème de mon frère François Leprette, écrit en 1966
Calme toi flamme montante,
Vers quel sommet ne cesses-tu de grimper ?
Odeur, rouge, sentiment vif, tout cela est en toi,
Mais seule tu fais songer, et tu protèges le faible.
Dans la ville bruyante mille fois je t’ai rencontré,
Dans la campagne volcanique mille fois tu as purifié,
Dans l’espace tout entier mille fois tu as tout transformé,
Et dans le cœur des hommes toujours tu as fait pleurer.
Comment ne pas rêver devant la flamme, purification éternelle,
Symbole du temps ?
Suis-je si solitaire à penser encore à la flamme ?
Suis-je si hardi à vouloir encore rêver ?
Suis-je si original à croire qu’il est encore nécessaire de pleurer un peu chaque jour ?
Suis-je si fou pour écrire des poèmes alors qu’il faut agir ?
Alors qu’il faut courir,
Alors qu’il faut produire,
Alors qu’il faut jouir,
Alors, toujours alors … mais pourquoi ne pas écrire des poèmes ?
La flamme d’une chandelle nous dit encore le temps,
Elle sait des mystères
Et elle sait des secrets.
Profitons en avant que l’homme ne réussisse à la faire disparaître,
A la faire agir,
A la faire courir, produire et jouir.
François Leprette
Clamart - 1966