Circulez ! Y a rien à voir

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Amour
A mes ami(e)s qui ont subi(e)s, M, Ch, L, K, et à tous(tes) les autres...

Un  corbeau s’est posé
Ses ailes l’ont recouvert.
Palais fermé
Gorge nouée
Noyée
Dans un hoquet
Elle cherche à respirer.
Le réveil sonne !
Nouvelle journée.

Soutanes, kippas et djellabas
Vos tapis de prières bien orientés
Vous avez laissé vos corbeaux s’envoler 
Et puissamment se poser.
Les yeux perdus
Le cœur serré
La poitrine presque paralysée
Il affronte chaque nuit.
Terrorisé !

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Papa, tonton et grand-papa
Le frère ou le cousin
Et parfois le voisin
Une main sous le pull
Les doigts entre les cuisses
Le corps tremble, se contracte
Le corps hurle !
Non ! Non !
Mais le corps laisse faire.
Je t’aime, tu m’aimes
Tu es mon premier amour.
Corps anesthésiés
Vies brisées, déchiquetées
Cœurs devenus papier
Cœurs de papier mâché.
Partout des corbeaux se sont posés
Couvrant de leurs ailes des cœurs à jamais glacés.


Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Aimer, baiser, faire un baiser
Un baiser sur le front
Un baiser sur le nez
Un baiser…
Ce n’est pas grave, c’est un bébé
Et je l’aime ce bébé.
Guizou guizou
Bisous partout
Viens donc sur mes genoux,
Viens !
A dada sur mon bidet
Viens mon petit, mon amour
Tu es à moi, ma chose
Tu ris
Mon enfant, ma vie.
Ta peau est si douce
Tu es si tendre
Mon enfant, mon petit.
Viens je vais te montrer
Et le petit grandit.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Maman et grand maman
Grande sœur, tatie, tata
Les yeux fermés
Bouches et cœurs cousus
C’est pas grave mon petit
Mon enfant, ma vie
C’est sa façon d’aimer.
Silence ! Action ! 
Oui mon papa !
Oui mon mari !
Oui mon bon maître !
Maître de maison
Maître d’école
Au basket, au piano, à confess’
Donnée à un mari.
Je t’aime mon garçon, ma fille
Dis moi tout et ne dis rien
Ne dis rien à maman qui sait tout et ne dit rien.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants.

Mon travail, mes enfants, mon mari
Il est tard
Je suis lasse et fatiguée
Sommeil
Il est là dans mon lit
Mais comment ne pas dire oui
Fais ton devoir, c’est écrit
La femme doit obéissance à son mari.

Maquillées, pomponnées
Jupes fendues, gorges déployées
On nous disait :« Sois jolie ! »
Depuis si petites, si petites.
Pour qui ?

Dans le métro, dans la rue, au bureau
Mêmes mains, mêmes sifflets
Dans une cave, dans une voiture
A l’usine, au sortir d’un cabaret
Et jusque dans nos lits
Des hommes de rencontre, des patrons et parfois des maris
Tout le poids de leurs corps, de leurs désirs inassouvis
Souvent sans demander
Souvent sans écouter
Ils prennent
Parfois au risque de nos vies.

Aimer avec son âme
Aimer avec son corps
Quelle différence ?
Laissez venir à moi les petits enfants

Vies brisées
Tordues
Assassinées
Le grand corbeau s’en va
Le grand corbeau revient
Ses ailes déployées
Son ombre est là
Ses serres lacèrent 
Tandis que le plumage de sa queue va et vient.

Un enfant, une enfant
Il a vingt ans 
Elle a cent ans
Palais fermés
Gorges nouées
Noyés
Dans un hoquet
Ils cherchent encore à respirer.

Dans le désert de Palestine
Un homme pleure.
Antoine Leprette
Lundi 3 janvier 2022
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Extrait de « Blues du soir » (recueil en préparation) 

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