Homo Invisibilis
Publié dans le n° 190 de la revue Florilège
Enfants déconnectés
Dans la rue, au café, dans le bus, au restaurant,
Ils avancent, soliloquent à voix haute tel ces fous d’un monde pas si lointain,
la prothèse sur l’oreille, tel des cyborgs.
Où sont-ils ?
Perdus dans les fils d’une toile invisible,
Ils se frôlent, se côtoient,
Se voient-ils ?
Se parlent-ils en dehors des écrans ?
Je ne sais.
Au loin, le soleil se couche sur Groix,
Incendie sur l’océan.
Les cyborgs admirent...sur leurs écrans.
Je me sens invisible.
Ont-ils si peur ? Peur d’être, peur de l’autre ?
Tel François d’Assise, je m’en vais parler aux arbres,
Aux oiseaux, aux fourmis et pourquoi pas aux poireaux.
Nous en rêvions, nous l’avions imaginé dans nos romans, au cinéma.
Je suis là devant eux.
Ils ont créé l’homme invisible, transparent,
Une nouvelle espèce : homo invisibilis.
Nous vivons dans le bruit des ondes, images, sons, blablas sans fin.
Nous n’écoutons plus le silence.
Peur de soi, de l’infini, peur de l’autre,
Qui sont-ils tous ces errants ?
Antoine LEPRETTE
Dimanche 08 janvier 2023
Saint-Jean d’Arvey