Le silence

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Temps

Après le fracas des bombes vient le bruit assourdissant du silence

Le silence du vertige

Le silence du vide

Le silence de la mort et peut-être de la vie

L’hébétude du rien

 

Allongé sur la plage, adossé à la dune

Je contemple les vagues se fracasser sur le rivage

Elles vont, elles viennent et semblent immuables

J’écoute les molécules du silence s’entrechoquer autour de moi

Un silence rempli de tout, d’un monde en devenir

 

Une note de musique, ou deux ou des cohortes qui déferlent en torrent

Et puis, les doigts sur le piano qui se lèvent,

En attente, comme une respiration entre inspire et expire

Le silence devient musique

Le temps est suspendu, gros d’émotions à venir

 

Et puis, j’écoute ton absence, absence terrifiante sans espoir de retour

Un silence absolu, lourd, si lourd

Le silence peuplé des monstres de l’angoisse

Des hurlements des loups dans la plaine enneigée quand la bise souffle sans pause

Alors, le silence se fait montagne, abysses insondables

 

Le silence est un morceau de Temps

Le Temps s’y accumule dans un moment sans début et sans fin

Le silence est un trou noir

Un tunnel, un passage

Et puis la vie repart, un bateau passe sur l’eau

La musique reprend son souffle,

Les doigts courent sur les touches du piano qui répond à nos attentes insatiables

D’autres présents se profilent.

 

Antoine LEPRETTE

Mardi 10 janvier 2023

Saint-Jean d’Arvey

 

 

 

Qui es-tu donc beau masque?

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté, Singuliers

Poème publié dans le numéro 64 de la revue Intervention à Haute Voix de Décembre 2022 sur le thème "Masques" (IHV est un atelier de poésie qui dépend de la section art créatif de la MJC de la Vallée à Chaville - cliquer sur la page de couverture pour en savoir plus)

"On" avance masqué dans ce monde webisé!

Qui se cache derrière sa signature ?

Qui êtes-vous donc

Anonymous, Archi blabla,

Missjenny, Fabi-Gaga,

Bisounours, Guigui 33?

Ce n’est qu’un jeu nous dira "On" !

"On" s’amuse à Zorro.

"On" veut séduire les dames, flatter les beaux messieurs,

"On" peut se sentir un géant, se trouver enfin beau,

"On" peux clamer haut et fort,

Crier,

Hurler

Ses désirs,

Son désespoir,

Se sentir puissant,

Sans risque,

Peinard derrière son clavier,

Triomphe de la lettre anonyme.

"On" peut aussi injurier, insulter, tuer parfois,

Sans crainte,

Bien protégé par écran interposé,

Apparence tragique du vide,

Masque désuet pour cacher le néant

De vies mornes et ternes,

Sans passions, sans amoures,

La trouille au cœur, la peur au ventre.

*

Masqués ! quel beau métier !

Mais là, se joue une autre histoire !

Acteurs, chanteurs, mimes et danseurs

Portent nos drames et nos passions

Sur les scènes du monde entier,

Sur les écrans, à la télé,

Miroirs infinis de nos petites vies

Pour faire frémir, pour faire rêver.

Ils passent d’un monde à l’autre,

Transforment leurs corps,

Pétrissent leurs visages.

Leur peau est une pâte qui nous donne des frissons.

*

Toi, moi, lui, elle,

Qui es-tu donc beau masque ?

Au carnaval de Venise,

Au bal masqué du sous-préfet,

A la soirée de chez Dédé,

Je peux changer d’identité

Moi qui suis un et multiple,

Pluriel et singulier,

Mes mille et un moi enfin délivrés.

J’étais homme,

Je deviens femme.

J’endosse sa parure pour être son amant, son amante,

Être folle ou pédé,

Être riche et puissant,

Un peu fou, possédé,

Laisser vivre enfin mes pulsions refoulées,

Être beau, une fois !

Jouer à être laid,

Contrefait !

*

Du Tibet au Mali,

Au Japon, en Colombie,

A New-York, en Papouasie

Se joue une autre comédie.

Dansez, jouez masques ténébreux !

Pour recréer le monde,

Pour approcher les dieux,

Accompagner nos morts

Au-delà de la vie,

Pour déjouer nos peurs,

Apprivoiser nos pleurs,

Maquillez ! Embaumez !

Dessinez ! coloriez !

Rien ne sera trop beau

Pour protéger nos vies.

 

Antoine Leprette

Vendredi 23 juillet 2021 – La Maison du Pêcheur – Locmiquélic

Extrait de « Singulier(s) dans la foule » (recueil en cours)

Le vieux pantin de bois

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers, Amour

Poème publié dans le numéro 64 de la revue Intervention à Haute Voix de Décembre 2022 sur le thème "Masques" (IHV est un atelier de poésie qui dépend de la section art créatif de la MJC de la Vallée à Chaville - cliquer sur la page de couverture pour en savoir plus)

L’homme triste est seul.

Il sourit à l’extérieur,

Il pleure à l’intérieur.

Il semble vivant quand on le croise

Mais son âme est morte depuis longtemps déjà.

Il fait semblant !

 

Il fait beau, la vie est belle !

Sautez, dansez mesdemoiselles !

Ses mains applaudissent ,

Le spectacle est grandiose.

Les danseurs, les comédiens, les musiciens, les baladins

Font rire, font pleurer,

Font vibrer les âmes à l’unisson des émotions

Mais au fond de son cœur, la joie s’en est allée,

Les sensations sont mortes.

Lui, n’est plus qu’un vieux pantin de bois,

Son nez s’allonge, il fait semblant !

 

Elle est partie celle qu’il aimait,

Elle est partie, cancérisée !

Et avec elle les rires, les couleurs, les musiques, les flonflons.

Il voudrait rire encore

Et encore chanter,

Remplir encore, encore son âme des beautés de ce monde.

Il veut y croire !

Il doit y croire !

Il sourit doucement à ses amis, à ses parents

Mais son regard est mort.

Ce sont les yeux du poisson que l’on vient de pêcher,

Les yeux de celui qui voit la vie s’en aller, à petits pas,

La vie de celui qui ne comprend pas pourquoi la vie s’en va.

La tristesse est sa compagne, son amante, sa maîtresse,

Il voudrait vivre mais n’y arrive pas.

Alors, il met son masque,

Le masque de Jean-qui-rit pour cacher Jean-qui-pleure.

Il a honte car il a peur que sa tristesse fasse peur.

Il sourit au monde

Et pleure à l’intérieur.

Il est l’homme triste qui ravale ses larmes quand il croise un ami.

Ses larmes ? Il les garde pour les confier à l’oreiller

Quand il pleure doucement sur son amour assassiné.

Là ! Il ne fait plus semblant !

 

Il est l’homme triste, il est l’homme qui pleure.

 

Antoine Leprette

Jeudi 15 juillet 2021 – La Maison du Pêcheur – Locmiquélic

Extrait de « Après le départ d’Isa » (recueil en cours)

 

Dans l'anse de Keherby

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Réel

Poème publié dans le numéro 28 de la revue Spered Gouez de novembre 2022 sur le thème "l'incertitude pour principe" (cliquer sur la page de couverture)

Je me promène sous un ciel gris de nuages plombés,
Les vagues me viennent au visage,
Mon corps plie dans le vent qui tournoie.
Dans le fond de la baie, les corps gisants des bateaux,
Squelettes délaissés dans la vase putride,
Reposent abandonnés au milieu de l’estran.

Au loin, un visage apparaît dans la brume.
Un visage ?
Des formes étranges surgissent et disparaissent
Couronnées de varech,
Goémon en collier.
Je frissonne !
Ce sont les survivants de ces barques coulées,
Sûrement !
Ils profitent du vent pour nous interpeller,
Ils me tendent les bras.
Viennent-ils pour me parler ?
Que veulent ils me dire ?
Un crachin épais lacère mes paupières.
Qui sont-ils ?
Où vont-ils ?
Je ne sais quoi répondre,
Mon cœur est si troublé.

Et puis le vent se calme.
Un bandeau de lumière vient effranger la brume,
La marée est montante,
Les carcasses des canots sont happées par la houle.
Bientôt, l’air s’arrête,
Plus une risée sur l’eau.
La baie devient miroir où se mirent les oiseaux.
Je contemple hébété ce nouveau paysage.
Où sont donc ces errants venus m’interpeller?
J’erre entre deux eaux.
Était-ce un rêve ou la réalité ?
Et quelle réalité ?
Où se niche la frontière ?

Vendredi 22 avril 2022
La Maison du Pêcheur – Locmiquélic
Extrait de « Songeries », recueil en cours

Une seconde de certitude

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Amour, Temps, Rêves, Vivre
Poème publié dans le n° 188 (septembre 2022) de la revue Florilège :
En cliquant sur l'icône, vous pouvez accéder à l’intégralité de la revue :

S’endormir seul et s’éveiller dans un monde imprévu

Tu es là, devant moi

Tu me prends par la main

Et nous volons au loin

Le monde s’est ralenti

Il est presque à l’arrêt

Et nous habitons pleinement ce petit bout de Temps

Cette seconde de certitude

Dans ce monde mouvant

Juste fermer les yeux

Et sentir la vie aller

L’eau couler

La sève monter

Sentir naître le monde

Pour rien

Gratuit !

Antoine Leprette

Dimanche 3 juillet 2022

La Maison du Pêcheur – Locmiquélic

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