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Dans les fêlures du Temps suite

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Plusieurs recensions et commentaires sympas à propos de Dans les fêlures du Temps:

Recension dans Poésie sur Seine n° 112 d’avril 2024

Il y a deux sens au mot temps. L’un désigne le temps qui dure et dont le bruissement nous accompagne tout le long de notre vie. Et ce temps-là ne s’arrête jamais. « l’infini, / Un huit couché comme un circuit sans fin de cycles sans cesse recommencés ». Mais l’autre aspect du temps, c’est que, justement, « il ralentit parfois presque à s’arrêter », que ce soit dans la réalité et plus souvent encore dans la mémoire. « parfois, le Temps se fige...Pause sur image dans un replis du Temps ». C’est de l’un à l’autre que va et vient ce beau recueil d’Antoine Leprette qui est une réflexion sur le continu du temps et sur ses détours, (ou les deux ensembles) : « Chaque minute, / chaque seconde / Instants d’éternité »), ses « fêlures » qui nourrissent à la fois notre présent, nos souvenances, nos rêves et, pourquoi pas, nos oublis. « Un amour tant rêvé, / Une histoire avortée, / Oubliée, / Enterrée ». La vie du poète et son œuvre est faite de ces arrêts de lenteur ou de brusquerie, que ce soit dans la vie familiale et amoureuse ou dans les accidents de l’existence. Ce temps-là « joue à saute-mouton », « se contracte, se dilate / Il ralentit parfois presque à s’arrêter, / Nos cœurs se figent alors dans une torpeur glacée, la peur et la mort étroitement enlacées ». Car l’arrêt définitif, c’est bien sûr celui de la mort. « La camarde nous attend, / Inexorablement / Au bout du champ. » Le recueil est illustré par deux graveurs iraniens qui font de cette lecture, non seulement un contentement intellectuel et poétique, mais aussi un plaisir des yeux.

Notre poète est le petit-fils de Fernand Leprette (1890-1970), qui passa en Égypte plus de vingt-cinq ans d’une vie de professeur de français, de poète, de romancier, d’essayiste et d’important animateur culturel. Il y créa ou soutint des revue francophones et fit venir au Caire ou à Alexandrie, de Georges Duhamel à André Gide et Jules Romain, les plus grands écrivains de son temps.

Antoine de Matharel

Commentaire de Michelle Grenier qui publie de nombreux poèmes dans la revue Florilège

Bonjour Antoine

Dans les fêlures du Temps, de la belle ouvrage, une complicité fraternelle avec les illustrateurs Behi et Titouan. Un métissage de langage, de graphisme où les artistes s'enrichissent de leurs différences. Poignant hommage à la femme aimée, Isabelle , toujours vivace, « rose qui renaîtra , merveille de la fleur qui fane et revit ».   Nous avons des amitiés communes, Léo , Geogeo , Jacquot auxquels j' ai rendu hommage. Votre poésie est musicale, avec ses refrains, elle rappelle Aragon : « Nous avons tant erré,  Laissez-nous vivre un peu ,  ce temps d'être enfin libre, comme dans la chanson ».

Amitiés poétiques

Michelle Grenier

Recension dans Florilège N° 194 - Marie-Christine Guidon

La maison du Pécheur de Locmiquélic est un étrange endroit où « le Temps est tout sauf linéaire» et dans ses « fêlures », Antoine Leprette nous fait affronter, de plein fouet, bien des tempêtes intérieures. Le temps aurait-il dérapé ou bien serait-ce l’homme brisé par ses nuits d’insomnie ? La poésie de l’auteur, libérée des gangues de la prosodie, se livre sans faux-semblants dans ce recueil. Les illustrations couleur, format A4, de Behi et Titouan, tous deux Iraniens, contribuent à nous faire entrer dans les rouages tourmentés d’un poète-explorateur du temps. Elles viennent souligner les désirs, les doutes mais aussi le désarroi face à l’inacceptable, et l’extrême solitude que les mots, seuls, ne parviennent pas toujours à exprimer. A noter, chose assez inhabituelle pour être mentionnée, que l’ouvrage a été traduit en farsi par Maryam Shariari. Au-delà de la course folle des aiguilles, où passé, présent et futur se heurtent sans-cesse, « le temps prend son dû / sauvagement » et, « les vertiges les plus étourdissants » finissent par se figer en de lointains souvenirs. Cet arrêt sur image sonne l’heure d’une prise de conscience au parfum de regrets. « Le temps de l’enfance perdu à jamais / suspendu au bout de la mémoire », « Nous contemplons avec terreur ce monde détruit / Tout est dévasté », ce que vient corroboré un écho rimbaldien dans « le dormeur sur sa table », « noyé dans ses tous noirs / Il dort ». Mais d’un battement d’ailes, la vie reprend son bouillonnement, malgré l’absence, puisqu’il nous faut « renaître chaque jour précieusement »…

Antoine Leprette, face à l’inéluctable voie sans issue nous livre ses impressions sur le surgissement de la Vie en toute chose… « Mes morts ne sont pas morts / Ils sont dans l’air du Temps / Emportés par les vents, ils sont graines et semences / Ils colorent mes rêves d’un passé enchanté ». A l’évocation de la femme aimée, symbolisée par la rose qui se meurt... «  J’aime à penser que je pourrai... te sentir dans les airs », confie le poète, sans doute pour grappiller ce qu’il reste encore de souffle « un coquillage sur l’oreille ».

Malgré les frontières invisibles ou bien réelles qui emprisonnent ou conduisent à l’arrachement, laissant « un vide, un manque », « Tant que nous serons vivants / Nous aimerons l’amour, les femmes et les enfants / Les glaces à la vanille et les mistrals gagnants »… Une dernière seconde de certitude du poète « J’ai mis mes pieds d’adulte dans mes chaussures d’enfant / Et j’ai fermé les yeux pour ce voyage ailé / Enfin réconcilié ! ».

Marie-Christine Guidon

mcguidon@gmail.com


 

Recension dans Verso n° 196 de mars 2024

J’ai déjà publié Antoine Leprette. Titouan et Béhi sont deux dessinateurs iraniens. Tiotuan vit en France et Béhi encore en Iran. Le projet de cet album est fonction de l’idée du temps. En fait, le temps n’existe pas en soi. Le temps n’est pas linéaire. Il est élastique, formé de plis tous dissemblables. Je cite l’auteur. Dans cet ouvrage, on explore ce qui se cache dans les interstices, quand le temps se brise. Les dessins sont communs s’ils ne sont pas signés.

Un long texte est consacré aux amantes perdues de vue à cause du temps. Y compris Pénélope la plus concernée par ce texte pour son tissage et surtout l’absence d’Ulysse dont le voyage rebondit d’écueils en écueils !

Et nous alors, dans ces fêlures, où rebondissons-nous ? La réponse est dans le texte : Ils sont toujours là! Graines et semences, dans la cascade, dans l’abeille, la guêpe, l’éléphant, dans l’humus, dans la mousse ! « Les morts ne sont pas morts tant qu’ils nourrissent nos vies. »

Alain Wexler

 

Marie-Christine Guidon: Souvenirs d’automne

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Classé dans : Poèmes et mots des amis et d'ailleurs Mots clés : aucun

Je me souviens de tout…

Des toits bleus

Dans le brouillard d’automne,

Des larmes de rosée

Sur l’herbe

Ébouriffée


 

Je me souviens de tout…

Des chapelets d’oiseaux

Prêts pour le grand voyage,

Des marronniers

Brûlés

Aux ardeurs de l’été


 

Je me souviens de tout…

De nos pas craquelins

Sur les feuilles

Froissées,

Des châtaignes éclatées

Constellant le sous-bois


 

Je me souviens de tout…

Des cheminées

Rageuses

Qui crachaient leur fumée

En dispersant au loin…

Tous mes rêves d’enfants !

 

Marie-Christine Guidon

Paru dans Florilège n°192 de septembre 2023

Michelle Grenier: Dernier vers pour la route

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Classé dans : Poèmes et mots des amis et d'ailleurs Mots clés : aucun

À Boris Vian

Je voudrais pas partir avant
Avant d’avoir goûté le pétillant de la pluie
Écrit des graffitis à l’encre de mes nuits.
Je voudrais pas passer
Avant d’avoir tangué sur des rafiots d’écume
Avant d’avoir mouillé à l’ancre de ton corps
Danser mille et une nuits comme si c’était un jour.

Je voudrais pas mourir sans savoir si
Si le bourdon jubile au cœur des pistils
Si les écureuils chahutent dans les pins parasols
Si Baudelaire miaule
À la nuit brune sur les toits de Paris
Et si et si et si….
Si la fleur gazouille et si l’oiseau fleurit.

Elle viendra, avec son œil borgne
Dont la nuit s’épouvante quand
Quand mon cœur ne battra que d’une aile
J’accueillerai son long baiser glacé
Comme un cri sur mes lèvres.
Je voudrais pas crever bouffée
Par des vers mal rimés
Ni avant d’avoir trinqué un dernier vers,
Un dernier verre pour la route.

Michelle Grenier

Publié dans Poetica

https://www.poetica.fr/poeme-4891/michelle-grenier-dernier-vers-pour-la-route/

La chair de mon absence

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Classé dans : Poèmes et mots des amis et d'ailleurs Mots clés : Amour

Poème publié avec l'autorisation de Chris Talazac, également publié dans la revue Florilège

Je te donne à sentir
La douceur de mes mains
Plein panier de désirs
Pour oublier ta faim

Je te donne à goûter
L'écorce de ma bouche
Et cueillir ses baisers
Sur le bord de ma couche

Je te donne à entendre
Les échos de mes rêves
Là-bas dans cette chambre
Où le printemps se lève

Je te donne à relire
Mes yeux et mon visage
L'envie qui me déchire
A travers cette page

Je te donne à sculpter
Ma robe de lumière
Son feuillage d'été
Ses reflets de rivière

Je te donne à toucher
La chair de mon absence
Ses brûlures ses regrets
Et sa longue impatience

Je te donne à ouvrir
L'écrin de mes secrets
Afin que tu respires
Leur parfum de péché

Chris Talazac

Site: http://poetika17.com/

Mel : poetika17@gmail.com

© Christiane TALAZAC (Poetika)


 

A nos amis iraniens

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Au début du mois d’octobre, alors que s’étendait la révolte de la jeunesse iranienne suite à la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, dans un commissariat iranien de la police des mœurs, le 16 septembre dernier, pour une mèche de cheveux dépassant de son voile, je demandais à Titouan, réfugié iranien en France, des nouvelles de son pays, de ses amis et notamment de Béhi avec qui il a beaucoup travaillé pour accompagner graphiquement mon recueil de poèmes « Dans les fêlures du temps » que nous n’avons pas eu le temps d’achever. Titouan me répondit qu’il n’avait pas de nouvelles de Béhi du fait des censures sur le réseau. Il m’écrivit ce message que je n’ai pas voulu garder pour moi et que je publie aujourd’hui avec son accord. Behi et Titouan sont les co-auteurs de la page de couverture d’un autre de mes recueils « Être(s) libre(s) ! vivant(s) »  pour lequel nous cherchons un éditeur.

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