Elle était là ma rose

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Temps

Pour Isabelle

Le soleil par dessus l'horizon pousse les nuages,

Repousse la nuit.

Les yeux grands ouverts,

Je contemple

Les yeux fermés, paupières plissées,

J'écoute

 

Elle était là ma rose

Elle a fleuri ce matin

Refleurira demain

Celle d'aujourd'hui n'est plus

Celle de demain sera

Impermanence des choses

Éternité du temps

 

Elle est fanée ma rose

Sera plus belle demain

Ainsi passe le temps qui nous cache ses merveilles dans ses replis secrets

 

Antoine Leprette

Samedi 12 décembre 2020

La Maison du Pêcheur - Locmiquélic

Recueil en préparation "Dans les fêlures du Temps"

Merveille de la rose qui ce matin avait déclose

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Temps, Vivre

Pour Isabelle

Dans le matin naissant, une rose a fleuri

Et la fleur s'est fanée quand la journée est close

Demain dans mon jardin, elle renaîtra la rose

Merveille de la fleur qui tous les jours revit.

 

J'attends impatiemment son rendez-vous galant

Je voudrais être abeille, bourdon ou papillon,

Pénétrer son calice entrouvert doucement

Me gaver de son suc, féconder ses boutons

 

Merveille du temps qui passe, toujours se renouvelle

Et mon cœur qui s'embrase

Toujours, encore, sans cesse

Comme une première fois

 

Là-bas dans la vallée

J'entends danser le vent

Chante, chante la bise

Rend fort mon cœur d'enfant

 

A chaque heure qui passe, je peux créer le monde

Avec mes yeux, ma bouche, tous mes sens en avant

Mes oreilles tendues aux doux chants des oiseaux

Et ma peau qui frémit au bruissement du temps

 

Mes papilles sont gourmandes

Je veux vivre et goûter, déguster, aimer, me délecter

Du soleil, de l'eau, des arbres et des grands vents

Ivresse du moment, extase du toujours

Jubilation de l'éternité, contenue dans l'instant

 

S'émerveiller du temps qui passe

S'émerveiller du temps qui vient

Pour combattre nos peurs et vivre le présent

 

Savoir que nous sommes atomes et molécules

Venus du fond des temps, du secret des étoiles

Savoir que l'infini repose au creux de la rose qui s'étiole

Dégageant son parfum si doux et fort ensemble

Savoir que cette mort prépare son renouveau

Qu'elle a besoin de moi comme je n' suis rien sans elle

Ce savoir là m'émeut et me remplit de joie

 

Dans le matin naissant, une rose a fleuri

Et la fleur s'est fanée quand la journée est close

Demain dans mon jardin, elle renaîtra la rose

Merveille de la fleur qui tous les jours revit.

 

Antoine Leprette

Lundi 14 décembre 2020

La Maison du Pêcheur - Locmiquélic

Recueil en préparation "Dans les fêlures du Temps"

Apprendre!

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté

A Samuel Patty

Apprendre!

Mot double,

Donner et recevoir.

Quand je t'apprend, tu m'apprends.

Quand je t'explique, je t'écoute.

Partager ce que nous sommes.

Ce que je sais,

Que j'ai appris,

Que j'ai reçu,

Te le transmettre,

Recevoir tes doutes,

Tes questions,

Te remettre les miennes,

Te dire parfois: "Je ne sais pas!"

T'offrir mes certitudes "jusqu'à connaissances nouvelles",

T'aider à questionner ta foi, la mienne, celle des autres,

Ta foi reçue en héritage,

L'interroger,

T'aider à la faire tienne peut-être,

A la refuser parfois

Mais c'est toi qui choisi:

"Je garde ou je rejette?"

En être libre,

En concevoir le doute,

Apprendre de moi les mots,

Apprendre à les prendre pour les faire naître,

Apprendre mes connaissances.

Connaître, nouvelles naissances,

Découvertes d'autres mondes,

Naître à autre chose avec les autres,

Encore le partage.

Et la naissance peut être violente

Dans la découverte d'autres ailleurs.

Mais il ne s'agit que de mots.

Ils peuvent me heurter, te blesser.

On dit que les mots peuvent tuer.

Mais aux mots peuvent toujours répondre des mots.

Ils peuvent aussi caresser, faire jouir.

Aux mots peuvent répondre aussi tendre musique et couleurs scintillantes,

Avalanche de notes,

Rythmes endiablés,

Traits ravageurs, incandescents.

 

 

La poésie peut-elle tout dire?

Avons nous les mots pour dire l'horreur?

Tu es mort

Pour un coup de crayon,

Un crayon pour rire.

Tu aurais pu mourir de rire

Mais tu es vraiment mort.

"Les enfants!", tes enfants, ceux qui t'écoutaient, qui apprenaient.

"Ce n'est pas un jeu vidéo les enfants"!

Son cœur ne bat plus

Son aimée ne le serrera plus dans ses bras

Son enfant ne pourra plus lui dire: "Papa!"

Ceux qui t'ont volé ta vie ne veulent rien donner,

Ne savent pas recevoir.

Ils ne savent qu'imposer, forcer, violer.

Leur foi n’autorise pas le doute,

Elle brûle les livres,

Elle coupe les têtes, siège de la pensée

Pour un monde uniforme,

En uniforme.

Pour que vive la soumission,

Il faut éradiquer la pensée,

Il faut réciter sans jamais s'arrêter dans l'infini des temps

Mais surtout,

Surtout,

Ne pas apprendre!

Ne pas connaître

Ne pas renaître

Autodafés!

Têtes coupées!

Corps brûlés!

 

Apprendre.

Je t'apprends,

J'apprends de toi.

Apprendre pour être libre,

Libre, liber, livre,

Apprendre dans les livres pour être libre,

Pour creuser son chemin, choisir ses routes.

Apprendre pour grandir,

Créer sa route au milieu des autres, avec les autres, pas contre les autres.

Ou plutôt, parfois si, parfois aussi contre eux.

Je ne suis pas d'accord,

Tu n'es pas d'accord.

Et alors!

Tu peux croire ou ne pas croire.

Au commencement était le Verbe,

Et le Verbe était Dieu.

La Parole, la Bible

Le livre, le Coran

La même injonction:

"Lis!"

Pour apprendre,

Pour être libre.

Au commencement était le Verbe, la parole, le Logos,

La parole!

Parler, mais si tu parles je t'écoutes et puis c'est moi qui parle et alors tu m'écoutes.

Je questionne,

Tu réponds,

Tu questionnes,

Je réponds.

Et parfois le silence.

"Je ne sais pas"

"Je ne sais plus"

La Parole,

La dispute,

Sans fin, pour essayer de comprendre,

Pour te comprendre,

Pour me comprendre,

Pour te connaître,

Pour me connaître,

Pour naître à moi,

Naître à toi.

Pas pour prendre tout seul

Mais prendre avec,

Avec l'autre,

Avec toi,

Pour embrasser le monde,

Le saisir,

Le serrer dans mes bras,

Pour apprendre le silence aussi.

Avons nous toutes les réponses? Toujours?

Lui, l'assassin, voulait imposer sa loi,

Une loi toute faite,

Venue d'en haut,

Indiscutable,

Non négociable!

En te tuant Samuel,

Ils ont chercher à assassiner la parole, et le silence aussi,

L'essence même de ce qui nous fait vivre ensemble,

Cette parole qui est au cœur de nos lois

Sans fin discutées, lues, relues, corrigées, modifiées, contestées, amendées, vilipendées, manifestées,

Mille fois remises sur le métier

Avec ses mots, ses virgules, ses silences,

Enfin respectées!

Quel torrent de mots!

Quel torrent de paroles!

Envie de rire

Envie d'en rire,

Et les crayons sont là pour nous railler,

Pour se moquer

De nos travers,

De nos outrances,

De nos prétentions.

 

Et ta mort est devenue publique, objet des expressions de tous les egos,

De toutes les impudeurs,

De tous les manque de savoir-vivre,

Des savoir-mourir.

Ta mort souffle en tempête sur les réseaux du net.

Faut-il que nous nous aimions si peu?

Faut-il que nous ayons si peur?

Que nous aimions si peu l'image que nous donnons de nous pour ainsi, sans cesse, se mettre en pâture dans ces arènes apparemment sans visages mais qui, au bout du bout, peuvent tenir des couteaux, des grenades, des bombes et donner la mort, semer l'effroi et le doute en ce qui nous unit, la parole, devant la face du monde, provoquant la peur, l'effroi et puis l'angoisse?

En direct!

 

Antoine Leprette

Vendredi 6 novembre

La maison du Pêcheur - Locmiquélic

Extrait de "Être(s) libre(s)" (inédit)

La liberté de la presse, de caricaturer, une vieille histoire française, un combat incessant pour une démocratie toujours en équilibre.

1-Le Cri du Peuple. Journal de Jules Valles interdit par A. Thiers. Il reparaît pendant la Commune de Paris en 1871 et devient le journal le plus lu à Paris. Les Communards seront massacrés par Thiers. 20 000 Parisiens assassinés durant la semaine sanglante et il y a toujours des lycées Thiers en France!

2- Une de Charlie Hebdo de janvier 2020

3- La liberté de la presse de la Croix, journal catholique à l'Humanité, journal du Parti Communiste Français.

4- Damien Glez, dessinateur franco-burkinabe dans jeune Afrique en Novembre 2020.

5- Une de Charlie Hebdo après l'assassinat de Samuel Patty. La couverture republie des caricatures de Mahomet à l'origine d'émotions violentes dans le monde musulman et des assassinats provoqués par les tenants d'un islam politique pratiquant le terrorisme.

6- "J'accuse". Lettre ouverte de Emile Zola au président Félix Faure publiée en 1898 dans le journal de G. Clémenceau, "L'Aurore". Zola accuse une dizaine de personnalités de l'Etat d'être responsable de la condamnation du capitaine Dreyfus au nom de la raison d'Etat. Cet article vaudra à son auteur d'être condamné en Cour d'Assise ce qui le pousse à s'exiler au Royaume Uni. Son article marque le début de la procédure de réhabilitation de Dreyfus.

7- Une du journal turc Kumhuryet, seul journal d'un pays à majorité musulmane à avoir défié la censure en publiant en pages intérieures les caricatures publiées dans Charlie Hebdo.

8-«Un jour, Mme de Gaulle entre dans la chambre de ses petits-enfants et les surprend en train de se bidonner devant Hara-Kiri. Elle est horrifiée et déboule dans le bureau de son mari pour lui réclamer l’interdiction du titre !». Cette anecdote rapportée par le journal Libération est délicieuse. Hara Kiri, le journal bête et méchant fondé par Bernier, Cavanna et les autres fut interdit de vente aux mineurs le lendemain de la mort de de Gaulle par le ministre de l'intérieur de l'époque, R. Marcellin. Hara-Kiri engendra Charlie Hebdo. La prude Yvonne Vendroux-de Gaulle fut par ailleurs celle qui encouragea son mari à accepter la proposition de L. Neuwirth autorisant la contraception orale. Nous sommes pétris de contradictions.

9- Caricature de Daumier qui représente Louis-Philippe en Garagantua avalant des sacs d'or. Cette lithographie fut publiée en 1831 dans le journal "Caricature" et valu à Daumier d'être condamné à six mois de prison ferme.

10- Caricature du Canard enchaîné censurée par l'Etat-major pendant la première Guerre mondiale.

11- Le président de la République, E. Macron caricaturé. Sans commentaire!

12 et 13 - "Faut espérer que ce jeu là finira bientôt".

Deux images d'Epinal qui circulaient de village en village, transmises par les colporteurs, à la veille de la Révolution française. Le Tiers-Etat représentait 90% de la population. En son sein, 80% de paysans qui faisaient vivre les deux ordres privilégiés, le clergé (ordre n°1) et la noblesse (ordre n°2). La haine pour le clergé (principalement le haut clergé) était féroce dans une grande partie du royaume de France, le royaume "très chrétien". Le catholicisme fut l'opposant le plus farouche de la liberté d'expression et de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, parfois très violemment, avant de découvrir la liberté que la laïcité lui apportait. La laïcité a permis de mettre un terme aux guerres de religions qui ont tant divisé et meurtri les Français, tout en permettant à chacun de vivre sa foi.

Lire la suite de Apprendre!

Participation à des événements

Rédigé par Antoine Aucun commentaire
Classé dans : Publications-Evénements Mots clés : Exil, Evénements

Samedi 3 octobre 2020. L'association "Vent du large" de Locmiquélic dans le Morbihan, organisait une journée de contes, de poésie et de musique en solidarité avec les migrants, au profit des associations "Accueil Sans frontière" de Locmiquélic et SOS Méditerranée. Je fus invité avec beaucoup de gentillesse à lire un de mes poèmes, des extraits de Exil II.

Exil - 1 !

Rédigé par Antoine 3 commentaires
Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Exil

L'exil!

L'exil qui nous éloigne

L'exil qui nous sépare

Nous met à part

Nous rend, différents.

Étranges étrangers.

 

L'exil!

Parfois choisi

Souvent subi

Exil douleur

Rarement douceur

Exil tristesse

Parfois tendresse

Exil couleurs

Exil rencontres.

 

L'exil!

Qui nous fabrique

Qui nous façonne.

L'exil c'est partir.

Partir,

Sans revenir.

Partir,

Puis revenir.

 

Si loin!

Si près!

Les frontières nous enferment,

Les frontières nous accueillent,

Les frontières dans nos têtes,

Dans nos cœurs,

Dans nos âmes,

Des murs qui emprisonnent.

 

Où es-tu mon île,

Ma grande île,

Mon île rouge,

Mon île verte et bleue?

On m'a enlevé à toi il y a si longtemps.

L'arrachement!

C'est ainsi que je nommais la tâche grise qui hantait mes nuits d'enfants.

Et j'ai grandi si loin, avec en moi un vide, un manque, un trou que je n' pouvais nommer.

 

Où étiez-vous voix d'hommes et de femmes mêlées qui chantaient dans l'abside, derrière les bananiers verts?

Vos notes s'élevaient vers le ciel bleu et blanc,

Coulaient vers les rizières.

Elles couraient dans la ville, inondaient le jardin,

Venaient bercer l'enfant dormant sous la varangue.

La vague vous a ôté,

L'avion m'a emporté.

 

Quarante ans plus tard dans un Paris glacé,

Vos voix sortent de l'ombre.

Elles surgissent des sillons d'un vieux disque usé.

J'écoute, amusé, ces notes venues d'ailleurs.

Et puis mon cœur bondit,

Mes yeux tout embués de larmes qui débordent.

Tout au fond de mon corps, au tréfonds de mon âme,

, très loin, dans un coin perdu de cellules oubliées,

Viennent les notes des hommes et des femmes mêlées

Qui chantaient dans l'abside, derrière les bananiers.

Ces notes réveillent en moi les souvenirs enfouis.

Moments si tendres,

Oubliés,

Perdus,

Aujourd'hui retrouvés.

Et je pleure doucement.

Mon cœur est si heureux de cette joie qui coure dans le réseau si dense de mes veines bleutées,

Mes nerfs sont à vif,

Effleurés par la caresse douce de ces voix venues des rives de ma naissance.

 

Je suis retourné sur l'île,

Mon île,

La grande île,

L'île rouge, verte et bleue.

J'ai retrouvé l'abside derrière les bananiers,

J'ai entendu les chants des hommes et des femmes mêlées,

J'ai mis mes pieds d'adulte dans mes chaussures d'enfant

Et j'ai fermé les yeux pour ce voyage ailé.

Mes pas m'ont transporté,

C'est le jour du marché,

Les odeurs m’enivrent,

J'ai six mois

J'ai deux ans,

Ma main blanche dans la sienne,

Sa longue main noire si fine,

La main de Noureline,

Le long de l'océan aux couleurs vertes et bleues,

Les couleurs qui flottaient autour de la tâche si grise.

Au bout de la rue, la plage

Et la grande avenue bordée de cocotiers.

Et mes pieds me conduisent

Et je trouve la plage et la longue avenue bordée de cocotiers,

Là où le vert de l'eau se mêle au bleu du ciel,

Le long de l'océan,

Au bord du grand canal,

Celui du Mozambique.

 

Je peux pleurer enfin sur mon île retrouvée.

J'ai pu remplir le vide, le manque, le trou que je n' pouvais nommer.

Enfin réconcilié!

 

Antoine Leprette

Mercredi 23 septembre

La maison du Pêcheur - Locmiquélic

Extrait de "Dans les fêlures du Temps" - Recueil en préparation

Fil RSS des articles