Poème publié avec l'autorisation de Chris Talazac, également publié dans la revue Florilège
Je te donne à sentir
La douceur de mes mains
Plein panier de désirs
Pour oublier ta faim
Je te donne à goûter
L'écorce de ma bouche
Et cueillir ses baisers
Sur le bord de ma couche
Je te donne à entendre
Les échos de mes rêves
Là-bas dans cette chambre
Où le printemps se lève
Je te donne à relire
Mes yeux et mon visage
L'envie qui me déchire
A travers cette page
Je te donne à sculpter
Ma robe de lumière
Son feuillage d'été
Ses reflets de rivière
Je te donne à toucher
La chair de mon absence
Ses brûlures ses regrets
Et sa longue impatience
Je te donne à ouvrir
L'écrin de mes secrets
Afin que tu respires
Leur parfum de péché
Chris Talazac
Site: http://poetika17.com/
Mel : poetika17@gmail.com
© Christiane TALAZAC (Poetika)
Après le fracas des bombes vient le bruit assourdissant du silence
Le silence du vertige
Le silence du vide
Le silence de la mort et peut-être de la vie
L’hébétude du rien
Allongé sur la plage, adossé à la dune
Je contemple les vagues se fracasser sur le rivage
Elles vont, elles viennent et semblent immuables
J’écoute les molécules du silence s’entrechoquer autour de moi
Un silence rempli de tout, d’un monde en devenir
Une note de musique, ou deux ou des cohortes qui déferlent en torrent
Et puis, les doigts sur le piano qui se lèvent,
En attente, comme une respiration entre inspire et expire
Le silence devient musique
Le temps est suspendu, gros d’émotions à venir
Et puis, j’écoute ton absence, absence terrifiante sans espoir de retour
Un silence absolu, lourd, si lourd
Le silence peuplé des monstres de l’angoisse
Des hurlements des loups dans la plaine enneigée quand la bise souffle sans pause
Alors, le silence se fait montagne, abysses insondables
Le silence est un morceau de Temps
Le Temps s’y accumule dans un moment sans début et sans fin
Le silence est un trou noir
Un tunnel, un passage
Et puis la vie repart, un bateau passe sur l’eau
La musique reprend son souffle,
Les doigts courent sur les touches du piano qui répond à nos attentes insatiables
D’autres présents se profilent.
Antoine LEPRETTE
Mardi 10 janvier 2023
Saint-Jean d’Arvey
Le mardi 20 décembre 2022, je recevais ce message de Maryam qui vit en Iran. Il m’a semblé important de le publier sur mon site, avec son accord, comme témoignage. Maryam a fait des études de français en Iran. Elle est traductrice, notamment de poésie. Elle vit seule avec sa petite fille. Les dernières nouvelles reçues datent du 04 janvier pour me dire que tout va bien. Les communications sont extrêmement difficiles avec l’Iran du fait des coupures internet, de la censure et de l’extrême vigilance policière. Les dernières nouvelles envoyées par Maryam datent du 4 janvier dernier
Lire la suite de Témoignage venu d'Iran
Poème publié dans le numéro 64 de la revue Intervention à Haute Voix de Décembre 2022 sur le thème "Masques" (IHV est un atelier de poésie qui dépend de la section art créatif de la MJC de la Vallée à Chaville - cliquer sur la page de couverture pour en savoir plus)
"On" avance masqué dans ce monde webisé!
Qui se cache derrière sa signature ?
Qui êtes-vous donc
Anonymous, Archi blabla,
Missjenny, Fabi-Gaga,
Bisounours, Guigui 33?
Ce n’est qu’un jeu nous dira "On" !
"On" s’amuse à Zorro.
"On" veut séduire les dames, flatter les beaux messieurs,
"On" peut se sentir un géant, se trouver enfin beau,
"On" peux clamer haut et fort,
Crier,
Hurler
Ses désirs,
Son désespoir,
Se sentir puissant,
Sans risque,
Peinard derrière son clavier,
Triomphe de la lettre anonyme.
"On" peut aussi injurier, insulter, tuer parfois,
Sans crainte,
Bien protégé par écran interposé,
Apparence tragique du vide,
Masque désuet pour cacher le néant
De vies mornes et ternes,
Sans passions, sans amoures,
La trouille au cœur, la peur au ventre.
*
Masqués ! quel beau métier !
Mais là, se joue une autre histoire !
Acteurs, chanteurs, mimes et danseurs
Portent nos drames et nos passions
Sur les scènes du monde entier,
Sur les écrans, à la télé,
Miroirs infinis de nos petites vies
Pour faire frémir, pour faire rêver.
Ils passent d’un monde à l’autre,
Transforment leurs corps,
Pétrissent leurs visages.
Leur peau est une pâte qui nous donne des frissons.
*
Toi, moi, lui, elle,
Qui es-tu donc beau masque ?
Au carnaval de Venise,
Au bal masqué du sous-préfet,
A la soirée de chez Dédé,
Je peux changer d’identité
Moi qui suis un et multiple,
Pluriel et singulier,
Mes mille et un moi enfin délivrés.
J’étais homme,
Je deviens femme.
J’endosse sa parure pour être son amant, son amante,
Être folle ou pédé,
Être riche et puissant,
Un peu fou, possédé,
Laisser vivre enfin mes pulsions refoulées,
Être beau, une fois !
Jouer à être laid,
Contrefait !
*
Du Tibet au Mali,
Au Japon, en Colombie,
A New-York, en Papouasie
Se joue une autre comédie.
Dansez, jouez masques ténébreux !
Pour recréer le monde,
Pour approcher les dieux,
Accompagner nos morts
Au-delà de la vie,
Pour déjouer nos peurs,
Apprivoiser nos pleurs,
Maquillez ! Embaumez !
Dessinez ! coloriez !
Rien ne sera trop beau
Pour protéger nos vies.
Antoine Leprette
Vendredi 23 juillet 2021 – La Maison du Pêcheur – Locmiquélic
Extrait de « Singulier(s) dans la foule » (recueil en cours)