L’oiseau

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté

Publié dans Florilège n° 197

Shut ! Il dort !

Il dort l’oiseau

Il vient du Sud

Il brille du soleil qui l’a porté

Ses plumes sont dorées à l’or des sables des déserts salés

Il a les ailes trouées

Les fusils ont tiré

Il saigne

Son œil se ferme

Il pleure

Ils sont venus en meute sauvage

De tous les horizons

Du Nord, du Sud, de l’Orient, de l’Occident

Pour le traquer, pour le chasser

Alors il s’est posé

Alors il s’est caché

Regarde, il dort

Il dort l’oiseau

Et ses plumes sont d’argent

C’est un oiseau de pluie

Il va renaître l’oiseau

Sa tête relevée, il se met à chanter

Le soleil apparaît

Le soleil, son soleil

Écoute le chant de l’oiseau qui renaît

Et il s’envole l’oiseau, ivre de liberté !

 

Antoine LEPRETTE

Vendredi 04 octobre 2024 – Locmiquélic

 

 

Ils ont repeint le soleil

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté

Il faisait très froid ce matin à la boulangerie.

Ah ! Bon ? C’est étrange ! il fait pourtant si chaud !

Le soleil avait disparu, ils ont éteint le soleil.

Le soleil a disparu ?

Oui ! Ils l’ont effacé le soleil.

Ils ont repeint la vitrine de couleur bleu marine et il faisait très froid ce matin à la boulangerie.

Ah ! Bon ? C’est étrange ! c’était pareil à l’épicerie et aussi dans les tours, au bureau, à l’usine.

Ils pensent que c’est une bonne idée, comme ça, on aura moins chaud.

Oui ! Ce froid s’étend dans la ville.

Ils repeignent les fenêtres pour ne plus voir le soleil.

Il devient bleu à l’intérieur,

Un bleu bien sombre,

Un bleu marine.

Une peinture bleue s’est répandue dans la ville pour ne plus voir le soleil.

Bientôt, ce sera la nuit dans les maisons, partout dans la ville,

Une nuit bleu marine,

Et pourtant ! il chauffe le soleil.

Il chauffe !

Il chauffe !

Antoine Leprette

Lundi 30 juin 2024 – Locmiquélic

D’Odessa à Gaza

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Paix, Liberté
Une fleur entre ses doigts, il pleure, l’enfant juif aux yeux bleus. 
Ils sont là dans sa chair, tatouages au fer rouge
Les morts, ses morts, les femmes violées, maisons incendiées. 
Les Cosaques sont passés sur leurs corps, 
Ceux de ses anciens, si nombreux sur les rives du Dniepr1
Ils sont là sur sa peau, numéros tatoués, 
Ses parents, assassinés derrière les barbelés2
 
Le sable coule entre ses doigts, il contemple hagard
Le corps de Sarah3, meurtri, violé par les tueurs,
Ses cousins de Gaza venus venger Agar4.
Ils sont sortis des murailles de béton sensées les enfermer
Les riens, les invisibles, les humiliés, les damnés, ses frères
Devenus meurtriers, à leur tour, un tour insensé5.
 
Sous les gravas des écoles, des hôpitaux détruits,
Sous les pluies d’obus, sous les déluges de bombes,
Un autre garçon aux yeux bleus, une fille aux yeux noirs pleurent,
Leur mère entre leurs bras
A deux pas d’Odessa, sous les ruines de Gaza.
Ils sont si nombreux les tueurs venus de la toundra6,
Ils sont sans pitié les vengeurs de Sarah7.
La guerre, partout, reprend ses droits
Dans un sens ou dans l’autre
Sous la férule meurtrière de despotes assassins8.
 
Et devant son clavier, à Paris, à Berlin,
L’homme à la peau couturée voit défiler les morts,
Ceux des kibboutz, ceux de Gaza,
Ceux des rives du Dniepr, ceux des quais d’ Odessa,
Les cicatrices si nombreuses, si vives qui parcourent sa peau
s’enflamment en feu brûlant, coutures de temps anciens.
Ils en ont tant vécu, ceux d’avant, ses parents,
Tant de guerres civiles, pour un drapeau, pour un roi,
Pour un dieu, pour un saint,
Tant de plaines brûlées, tant de guerres de tranchées,
Le cycle des vengeances sans cesse recommencé
À Anvers, à Strasbourg, Cracovie ou Berlin.
 
Ses doigts sur le clavier interroge le passé
pour comprendre le présent et préparer demain.
Ils se sont enfin connus, enfin reconnus,
Ils se sont parlés, ils ont tendu la main,
Ceux d’ Anvers, de Strasbourg et aussi de Berlin
Pour que plus jamais ça, plus jamais, plus jamais,
Pour que vive la paix et la paix est venue,
Fragile, mais présente9.
 
Les doigts courent sur son clavier, les doigts de l’homme blessé.
Puissent-ils voir le sentier caché dans le roncier,
Ce chemin si ténu au milieu du pierrier
Pour enfin se connaître, enfin se reconnaître,
Se parler, mains serrées, tout mêlés,
Une fleur entre leurs doigts,
Les hommes de la toundra, les enfants d’Odessa,
Les descendants d’Agar, les enfants de Sarah.
Antoine Leprette
 
Mardi 02 janvier 2024 – La maison du Pêcheur - Locmiquélic
Publié dans Florilège n°195

 

1Allusion aux très nombreux pogroms qu’a subit la communauté juive en Ukraine au XIX° siècle.

2Allusion aux camps nazis d’extermination

3Allusion à Sarah, épouse d’Abraham, mère d’Isaac, grand-mère de Jacob-Israël, mère du peuple juif d’après les textes bibliques.

4Allusion à Agar, concubine égyptienne d’Abraham, mère d’Ismaël, demi-frère d’Isaac, qui doit se réfugier dans le désert après sa répudiation par Abraham et qui est la mère des peuples arabes d’après les textes bibliques et le Coran.

5Attaque du Hamas du 7 octobre 2023

6Les Russes

7Allusion au Hamas.

8Poutine, Netanyahou, les dirigeants du Hamas et de ses protecteurs iraniens...

9L’Union européenne.

Au-delà de vos pièges

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Vivre, Singuliers, Solitude, Liberté

à Gilles Vignault1

J’avance dans le vent

Je ne sais où

Au milieu des cailloux

Piou !

Un jour,

Un loup viendra pour me lécher les joues

Je serai seul sous le soleil d’hiver

Et vous serez sous terre

Aveugles et muets !

Mais pour moi

Au-delà de vos murs

Au-delà de vos pièges

Elle est là qui m’attend

La piste !

----

J’ai un garçon poisson

Sa mère était une nymphe

Il danse dans la mer

Les raies manta l’accueillent

Il raconte des histoires

Aux requins, aux baleines

Il leur parle

Les écoute

Il les a débranché

Vos pièges !

----

Ma fille danse

Elle danse ma fille

Elle danse avec ses filles

Sur le dos du vent

Là-bas !

Sur la piste !

Au-delà de vos rêves

mais avez-vous des rêves ?

Là où vivent les loups

qui racontent leurs histoires

Des récits de printemps

Et de pièges rouillés

----

J’ai un garçon lumière

Il agite un fanal

Au loin, très loin

Dans le blizzard glacé

Il défriche les chemins

Ses semelles sont de vent

Les loups le suivent en souriant

Et vous, sous le soleil d’hiver

Enfermés dans vos pièges

Vous dormez

Dans vos maisons de papier.

 

Antoine Leprette

01 mars 2024 - Train Paris-Lorient

1Le Nord du Nord – Gilles Vignault

Marcher

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Liberté, Temps, Vivre

Paru dans le n° 192 de la revue Florilège - Septembre 2023

Je marche

Vers où ?

Je ne sais

Vers nulle part

Vers l’infini.

Marcher

Naviguer

Sans savoir où aller

Sentir la pesanteur du Temps

L’épaisseur de l’espace

A travers les ondes

Sur les chemins épars.

Marcher

Naviguer

Faire corps avec le sol

Épouser la vague

Se sentir exister.

 

Antoine LEPRETTE

Mardi 21 mars 2023

La Maison du Pêcheur - Locmiquélic

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