Naître - Le temps de l’eau

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers

Qu’il était doux le temps de l’eau

Chaque caresse me parvenait en onde tendre

Chaque mot était musique

Les couleurs étaient d’aquarelle jaune et rouge, orangée

Les jours et les nuits rythmés au son du tambour

Sans début et sans fin

Et puis ma couche est devenue trop serrée

Mon hamac étriqué

Les parois de mon nid se sont mises à pulser, frénétiques

J’étouffais

Les battements du tambour jouèrent des rythmes sauvages

Ils me disaient : « Tu dois partir, t’en aller »

Au loin, si loin et si proche, une voix douce, sa voix, la voix des sirènes,

me chantait « Viens ! Viens ! je t’attends ! »

Je me suis étiré dans un chemin étroit

J’ai rampé

Un départ sans retour

Des mains m’ont recueilli comme on accueille une offrande

J’ai respiré des flammes

Mes poumons brûlaient

J’ai hurlé de terreur

Épuisé, je me suis endormi au rythme du tambour

Peau contre peau,

Caressé

Premier port

Apaisé.

 

Jeudi 5 octobre 2023 – La maison du Pêcheur - Locmiquélic

Antoine LEPRETTE

Où es-tu donc passé ?

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers

Où es-tu donc passé adolescent perdu ?

Tu es parti bien loin au pays de mes songes

Longtemps tu es resté, comme collé à ma peau

J’ai été, tu n’es plus

Dans quel monde étrange tu sembles être dissout ?

Il est si loin l’adolescent aux joues de pêche, au parfum de groseille

Et pourtant mon âme, le sens-tu palpiter

Ce cœur adolescent qui s’enflammait si vite ?

Qui riait, qui pleurait, qui s’embrasait

Pour un sein aperçu

Un sourire reçu

Pour un nombril

Ton nombril, le mien, les seuls centres du monde

Je t’aime encore tu sais

Toi qui m’a donné tous mes premiers émois

Nos langues maladroites unies dans un frisson

Je, tu, nous,

Je m’aimais en toi, en toi je me fondais

« Je est un autre » s’exclamait Rimbaud

Et « Tu » es mon double

Nous avions dix sept ans.

 

Antoine Leprette -

Avoir quinze ans

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers

Ôter sa peau d’enfant

Entrer dans un corps inconnu, sans filet, sans notice

Étranger

Sentir ce corps exulter, triompher

Source de peur parfois

Et de plaisir aussi

Te dire « je t’aime » pour la première fois

Pour un jour, pour la vie

Être ébloui, le cœur transi

Être immortel

Dévorer le monde, l’embrasser, jubiler

Être étourdi

Rire et pleurer sur ce monde

Parfois pour rien, parfois pour tout

Sans comprendre, étonné

Ne rien savoir sans le savoir

Douter et être sûr de tout

Bardé de certitudes

Et devant soi, un avenir infini

Rêver sans entraves

Avoir la beauté du diable et des copains pour la vie

Antoine Leprette

Le pianiste

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers, Liberté
Publié dans le n° 192 de la revue Verso

Il avance à petits pas
La nuit est son royaume
Une nuit sans étoiles
Il écoute le monde
La musique du monde

Sur le balcon au-dessus des toits
Il parle aux chats
Et aux oiseaux aussi
Il aime bien les oiseaux


La nuit est son royaume

Une nuit étoilée de sons, d’odeurs,
Chaque vibration fait résonner son corps
Il regarde le monde
Ses yeux à l’intérieur
Il respire longuement la douceur du soir
Il l’aspire le monde
Renifle ses parfums
Les parfums du monde

Il frissonne
Revient, à petits pas hésitants
Son piano s’agite sous la caresse de ses doigts
Longues et douces fiançailles
Les notes courent, bondissent, ricochent
Sur les étoiles de sa nuit
Il joue sans s’arrêter dans ses ténèbres sans fin
Ses notes sont ses couleurs
Et sa musique interroge nos silences intérieurs

 

Antoine LEPRETTE

Jeudi 28 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic

Seul !

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Classé dans : Voyages en poésie Mots clés : Singuliers
Publié dans le n° 192 de la revue Verso

Dans la chambre sous les toits,
Des étoiles clignotent dans la lucarne bleutée,
Muettes,
L’homme les regarde,
Leur parle avec ses yeux.
Tous les soirs,
Tous les soirs,
L’oreille tendue vers leur silence,
Il guette.

Sa compagne n’est plus,
Le silence l’a prise.
Elle était son amour,
L’amour d’une vie.
Il est aujourd’hui compagnon des étoiles,
D’une étoile.
Dans la rue, on rit, on marche, on fait du bruit.
Assourdi de silence,
Il attend.

Quand le froid l’envahit,
Seul,
L’homme prend son violon,
L’archet s’envole,
Bach chante.

Antoine LEPRETTE
Samedi 23 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
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