Devenons enfin européen!
En 2024, il est grand temps de comprendre que nous avons des citoyennetés emboîtées et non contradictoires. Je suis de culture marseillaise, provençale et parisienne, né à Madagascar, breton d'adoption, citoyen français, européen et du monde et c'est une richesse inouïe. Le 9 juin auront lieu les élections pour le Parlement européen. Ne nous trompons pas d'élection. Abordons ce suffrage à la bonne échelle. Pensons en Européen. La seule question qui vaille est :
Comment améliorer encore et plus l'Union pour qu'elle nous apporte encore et plus de paix et de prospérité dans le respect de notre planète, en assurant notre sécurité, en partageant avec nos voisins et sans nuire à autrui?
L'Union Européenne est sans doute le plus beau cadeau que la génération qui m'a précédé m'a légué. Près de quatre vingts ans de paix. Un record inédit dans l'histoire de France. Quand je pense à nos amis ukrainiens, palestiniens, israéliens, afghans, irakiens, yéménites....je me dis vraiment, quel bonheur ! merci ! merci à eux !
Cette union est imparfaite? certes mais les systèmes parfaits n'existent pas. Nous en sommes revenus des passés dont il faut faire table rase et des lendemains qui chantent. C'est aujourd'hui, ici et maintenant, en s'appuyant sur notre passé que nous créons notre présent et construisons notre avenir. Comme notre humanité, nos systèmes politiques se doivent d'être en constante évolution. Nous devons en permanence les amender, les transformer, mieux les orienter. Dans une démocratie et nous vivons dans des démocraties, c'est le travail constant des peuples et de leurs représentants, parés d'une vigilance permanente. Et cette vigilance est plus que jamais nécessaire.
Le 9 juin, nous avons le choix, nous avons encore le privilège durement acquis d'avoir le choix. C'est en Européen qu'il nous faudra penser et voter et savoir résister aux sirènes de nos visions hexagonales.
Qui choisir? Nous avons, comme toujours, deux grands blocs en présence qui peuvent ensuite se décliner en multiples nuances.
- Le premier bloc est constitué de tous ceux qui rêvent d'en finir avec cette Union qu'ils n'aiment pas pour des raisons par ailleurs fort diverses.
- Le Front National (devenu RN) de la fille du milliardaire Le Pen et ses épigones d'extrême droite plus ou moins fascisants, Zemouriens et autres Maréchalistes. "Le nationalisme c'est la guerre" affirmait à juste titre François Mitterrand. Cette assertion est consubstantielle de l'adn FN. Souvenons nous de la répartie de Marine Le Pen au cours du débat présidentiel avec E. Macron en 2022. Ce dernier rappelait les bienfaits de la paix apportés par l'U. E. et la Le Pen de répondre: "C'est bon! ne la ramenez pas avec ces vieilles lanternes". Elle avait d'ailleurs commis un lapsus passionnant pour tout psy qui se respecte en disant baderne au lieu de lanterne. Cherchez l'erreur ! Les Le Pen père et fille, détestent la paix et n'aiment que ce qui attise tous les ferments de haine. En relisant Reich et sa Psychologie de masse du fascisme, je me dis souvent que leur place est plus sur le divan d'un psy freudien pour enfin cracher ce qui les a fait tant souffrir que devant nos écrans de télé à nous faire souffrir!
- La partie de la France insoumise soumise à Jean-Luc Mélanchon qui estime, souvent à juste titre que l'U. E. est un parangon de libéralisme économique et d'injustice sociale. De son point de vue autoritaire et centralisateur, elle est obligatoirement innamendable. Il faut donc au mieux l'abattre, éventuellement la détricoter. Encore et toujours ce passé dont il faut faire table rase en oubliant, encore et et toujours que nous passons nos vies à tenter de construire nos présents et à préparer nos futurs en composant avec nos passés qui nous hantent, les individus comme les sociétés humaines. Les histoires à trous dans lesquelles on gomme tout ce qui fâche sont l'apanage des sociétés dictatoriales et totalitaires. Cette approche de l'Union Européenne en dit long sur la façon mélenchonesque de considérer le processus démocratique, un processus forcément toujours complexe, long et frustrant.
- Le deuxième bloc est constitué de tous les partisans de l'Union Européenne pour tout ce qu'elle nous a apporté de paix, de stabilité, de prospérité et d'avenir. Un bloc qui se divise à son tour en deux:
- Les partisans du statut quo qui se satisfont très bien d'une U.E pilotée avant tout par et pour les puissances capitalistes, particulièrement financières, les macronistes de tous poils et leurs épigones éparpillés du Modem au vieux PS Hollandais. Ce vieux courant hérité des Orléanistes de Louis-Philippe, Thiers et Guizot qui donna les Pinay, les Giscard, les Sarko et les Macron, ces gens qui n'ont jamais hésité à faire tirer sur Gavroche en 1848, en 1871 ou à réprimer façon Poniatowski ou Darmanin. Cette Europe là a apporté beaucoup en terme de paix et de prospérité au prix d'une extension extravagante des écarts sociaux, de la destruction environnementale et d'une politique généralement prédatrice des pays moins avancés. Son credo est de préserver d'abord et avant tout les puissances de l'argent en s'appuyant sur les deux credo plus qu'éculés de "la main invisible " d' Adam Smith dont on se demande bien encore, deux cents ans après, de quoi elle peut bien être constituée et du fameux ruissellement des richesses censées couler des riches vers les pauvres que nous vantaient Reagan et Thatcher et dont les pauvres attendent encore trente ans après les fruits sonnants et trébuchants à Glasgow, à Saint-Denis ou dans le troisième arrondissement de Marseille, le quartier le plus pauvre d'Europe, en faisant la queue au Secours Populaire ou dans les Restos du Cœur.
- Enfin se détachent les courants écologistes d'Europe-Ecologie-les-Verts et les socio-démocrates rassemblés autour de Raphaël Glucksman, tous deux porteurs d'une volonté de renforcer l'Union et de la transformer dans un sens écologique et social au service de la paix, de l'épanouissement des individus et des peuples, en prenant l'action environnementale comme un paradigme incontournable. Des nuances existent entre ces deux courants, elles sont très compatibles. Beaucoup de dirigeants, de militants et d'électeurs de la France insoumise à Jean-Luc Mélenchon s'y retrouvent, il est urgent qu'ils se mettent enfin ensemble dans une force commune loyale et efficace.
La maison brûle ! La guerre est déjà en Europe, nos armes sont sur le terrain et, d'une façon ou d'une autre, beaucoup d'Européens, soldats, ouvriers, techniciens, ingénieurs, scientifiques sont déjà mobilisés en et pour l'Ukraine...Le climat s'enflamme, le Proche Orient s'embrase, la peste brune rampe et se répand dans l'Union, en France, aux Pays-Bas, en Italie, au Danemark, en Allemagne, en Hongrie, au Portugal... les dents de Trump grandissent tous les jours un peu plus, les trottoirs de Marseille ou de Paris sont saturés d'hommes et de femmes qui dorment dans la rue, les plages du Lavandou reculent chaque année, des étudiants doivent passer par les Restos du cœur pour se nourrir, des hommes, des femmes et des enfants meurent en mer pour venir chez nous tenter d'enfin vivre un peu mieux et fuir des réalités quotidiennes insupportables... Les rhinocéros si bien décrits par Ionesco barrissent dans les rues. Le 9 juin, il faudra se lever. La jeunesse qui détient les clefs devra se rappeler que la démocratie tout comme nos libertés n'est pas un long fleuve tranquille, qu'elle n'est jamais parfaite mais toujours à défendre sur des chemins longs et frustrants, toujours en devenir, à faire progresser et que cela passe régulièrement par cet acte fastidieux, apparemment dérisoire et ringard mais tellement désiré par tant et tant de peuples et objets de tant et tant de conquêtes douloureuses, le bulletin de vote, tant qu'il est encore possible de le faire et que l'on ne se retrouve pas dans la situation d'être dans l'obligation prendre à nouveau les armes pour le défendre.