A nos amis iraniens
Au début du mois d’octobre, alors que s’étendait la révolte de la jeunesse iranienne suite à la mort d’une jeune femme de 22 ans, Mahsa Amini, dans un commissariat iranien de la police des mœurs, le 16 septembre dernier, pour une mèche de cheveux dépassant de son voile, je demandais à Titouan, réfugié iranien en France, des nouvelles de son pays, de ses amis et notamment de Béhi avec qui il a beaucoup travaillé pour accompagner graphiquement mon recueil de poèmes « Dans les fêlures du temps » que nous n’avons pas eu le temps d’achever. Titouan me répondit qu’il n’avait pas de nouvelles de Béhi du fait des censures sur le réseau. Il m’écrivit ce message que je n’ai pas voulu garder pour moi et que je publie aujourd’hui avec son accord. Behi et Titouan sont les co-auteurs de la page de couverture d’un autre de mes recueils « Être(s) libre(s) ! vivant(s) » pour lequel nous cherchons un éditeur.
Dimanche 9 octobre 2022
« Je ne sais pas si je suis capable d'expliquer mes sentiments ; c'est comme si j'étais si loin de cette atmosphère, c'est comme si ce n'étaient plus les mêmes personnes que nous connaissions avant. Ils sont incroyablement courageux et intrépides, ils ne se soucient pas de savoir si Internet est coupé, ils ne se soucient même pas si les médias internationaux les soutiennent. Ils quittent leurs maisons tous ensemble en sachant que ce pourrait être la dernière fois. Ils sont surtout joyeux, l' atmosphère n'est pas triste du tout, ils produisent une chanson tous les 3 jours, l' art est présent, ils chantent ensemble, ce sont des jeunes entre 17 et 22 ans . Ils ont grandi avec les jeux en ligne, voir un soldat armé ne leur fait pas peur. Ils ils ils... sont différents de toutes les autres générations. Chaque jour des centaines d'entre eux disparaissent, mais il (leur mouvement) devient plus puissant le lendemain. J'ai honte pour moi, ces mignons garçons et filles crient quelque chose que je ne peux même pas chuchoter : femme-vie-liberté (« Jin, Jiyan, Azadî », slogan féministe kurde) . Le régime fait son maximum en tirant , en arrêtant , en semant la terreur et même en brûlant des masques et en tuant des musulmans pour assombrir l'image . Ils ils ils ... sont hors des barrières et des limites entre les hommes et les femmes , les musulmans et les non musulmans , la politique orientale et occidentale. »
Titouan, réfugié iranien en France.
Graphiste et cuisinier, co-auteur avec Behi de la partie grphique de mon recueil (en cours d’achèvement) « Dans les fêlures du Temps ».
En publiant ces lignes , je pense à Behi que je salue, à sa famille, à la famille de Titouan et à tous nos amis iraniens dont nous n’avons pas de nouvelles.