Babak
Il est venu de loin,
Sa besace crevée,
De son pays lointain
Qui l'avait rejeté.
Ses yeux se perdent parfois,
Son regard est muet
Dans des ailleurs glacés
Où se givre l'effroi.
Il s'en venait d'Orient,
De cet Iran lointain
Aux senteurs de roses,
Aux parfums de jasmin,
Cette Perse mythique
Qui fit naître les poètes,
Poètes de l'amour,
Et du temps qui s'en va,
De son pays aimant
Violé par les violents
Qui volent, qui tuent, qui blessent
Pourchassant les amants
Au nom de Dieu, au nom de diable
Au nom de tant de boniments.
Il est là tout cassé,
Comme un oiseau blessé
Recherchant la tendresse,
L'amour et la beauté.
Il est là l'étranger,
Si proche et si lointain
Et nous n'avons pour lui
Que nos cœurs, que nos mains
Mais c'est déjà beaucoup
Pour l'homme qui a souffert,
L'enfant qui est sorti
Des geôles de l'enfer.
Et l'âme sœur est là
Tant cherchée, désirée
Qui revit et qui chante
Au printemps qui renaît.
Et c'est la vie qui gagne
Et c'est l'amour offert
Comme un affront suprême
Aux geôliers amers.
Merci à toi, merci
Prisonnier solitaire
Qui a su t'en aller
La tête haute et claire
Chantant ta liberté
A la face des hyènes
Pour retrouver les tiens
Embrasser ceux qui t'aiment;
Pour retrouver celui,
Contre vents et marées,
Qui remua le ciel,
Qui boul'versa la terre
Pour guider ton chemin,
Aplanir les montagnes.
Ses yeux étaient ton phare
Qui te guidaient la nuit
Au milieu des rochers
Dressés par les méchants
Pour t'empêcher de vivre,
D'aller le retrouver.
Étranger tu étais,
Tu es maintenant nôtre.
Nous t'accueillons sans fards,
Sans détours, sans histoires.
Puissiez vous vivre enfin
En paix, dans l'harmonie,
Mes enfants au passé
Si douloureux, meurtri.
Antoine Leprette
Dimanche 14 avril 2019
La maison du pêcheur - Locmiquélic
Extrait de "Etre(s) libre(s)" (Inédit)