Extrait:
Demain qui rit, demain qui pleure
On verra bien demain.
Quel chemin prendrons nous ?
Demain est autre jour.
Alors !
Alors, viens mon amour
Viens, viens !
Allons nous allonger, nous caresser, nous couvrir de baisers
[...]
Lundi 4 mai 2020 – Locmiquélic - La Maison du Pêcheur
Dans les recueils "Dans les fêlures du Temps" et "Pour les yeux d'Isa"
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Elle court, elle court la poésie
J’ai lu quelque part que la poésie n’aurait plus rien à dire. Étrange cécité !
La poésie est comme les autres formes d’art, une possibilité de capter les émotions du monde et de les lui renvoyer. Publiques ou intimes, ces émotions sont universelles, fruits de notre condition humaine. S’interroger sur le temps qui passe, les mystères de la beauté d’une fleur, les douceurs et les violences de l’amour, le regard perdu d’un passant, les conditions meurtrières de traversée de la Méditerranée d’hommes et de femmes fuyant la misère d’un ailleurs si proche, la disparition des abeilles, la souffrance d’une femme battue, les ressorts cachés de nos joies et de nos peines, autant d’émotions partagées que la poésie capte et nous renvoie.
La poésie est aujourd’hui vivante, partout, pratiquée, lue, chantée, écoutée et si elle n’a plus l’honneur des médias qui ont pignon sur rue, elle parcourt avec bonheur nos quartiers et nos villages. Notre pays est irrigué de centaines de revues et maisons d’édition qui se consacrent à l’art poétique, au service de milliers de poètes, de tous âges, des deux sexes qui trouvent dans leur art le moyen d’échanger leurs émotions et leur amour des mots. Partout vivent des ateliers d’écriture, des cercles de lecture, des festivals. Des spectacles naissent chaque jour, tous en équilibre, toujours menacés, un combat de tous les jours sous le regard vide de beaucoup de nos édiles.
Dans ce siècle déboussolé, plus que jamais la poésie doit pouvoir tout dire, de nos futilités, de nos souffrances, de nos révoltes, de nos outrances, avec violence, délicatesse, chacun dans son style, des styles qui parcourent toutes la gamme des mots et de leurs arrangements. Les poètes composent les mots comme les peintres les couleurs, les musiciens les sons, les danseurs les formes du corps.
Ensuite ? Le poème vole de ses propres ailes. Il vole, créé, recréé par ceux qui le publient, le lisent, le disent, le slament, le rappent, le chantent dans l’intimité d’une chambre sous les toits, accompagné d’un luth ou au micro d’une salle saturée de musique électrique. Il est bon parfois de se rappeler ce cris de Léo Ferré : « La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique… »
Affirmer que la poésie n’a plus rien à dire, c’est penser que nous savons tout de nous et de nos rapports au monde. Et pourtant ! nous sommes à nous mêmes les premiers mystères de l’existence et aux autres le second. De quoi explorer jusqu’à la fin des temps.
Antoine LEPRETTE
Texte publié en éditorial dans le numéro 186 de la revue Florilège.
On peut aussi y trouver le poème Quinze ans (cf. Plus bas)
Poème publié dans le n° 185 (Décembre 2021) de la revue Florilège.
Les yeux mouillés,
Ma vue brouillée,
Mon regard se noie dans le marc du café,
Images perdues de mes mondes inventés.
Je songe !
......................... Suite du poème dans le n° 185 de la revue Florilège
Antoine Leprette
Ils se tiennent par la main
Blottis l’un contre l’autre
Au fond d’un bus ou d’un métro
Métamorphose du temps qui passe
Il n’y a plus de temps
Le ciel est rose
Et les immeubles bleus
Avec du jaune aussi
Leur gomme amoureuse efface les chagrins du monde
Les guerres
Les vieux
Les tours
Les miséreux
Ils rient
De quoi ?
De qui ?
De tout
De rien
Et surtout
De tout et de n’importe quoi
Leurs doigts se tricotent
Se chipotent
Se pelotent
Indifférents au monde
Il s’aiment !
Antoine Leprette
Jeudi 28 octobre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
« Singuliers dans la foule » (recueil en préparation)
Aimer
Aimer encore
Aimer toujours
Aimer jusqu'à plus soif
Et avoir toujours soif
Aimer la vie
Aimer les hommes
Aimer les fleurs
Et les oiseaux
Et t'aimer toi,
Toi, toujours,
Toi encore
Aimer dès l'aube
Aimer encore quand c'est la nuit qui se dérobe
Aimer la pluie et les nuages sombres
Aimer les arbres et les ruisseaux qui chantent
Le soleil qui brûle ma peau
Et la glace
Et la neige et ses flocons
Je t'aime
J'aime tes yeux
J'aime ta peau
Et le sel sur ta langue
Et le sucre de tes cheveux
Je t'aime
Et aussi tes colères
Et aussi tes manies
Tes désespoirs et tes envies
Et si je suis inquiet de ta peau qui se fane
Si l'angoisse m'étreint quand la bête te mord
Je sers ta main si douce et caresse ta joue
J'embrasse ton front brûlant
Je t'en aime que plus
Et encore
Et toujours
Au commencement du jour
A la fin de la ronde
Et j'aime aimer
Aimer encore
Aimer toujours
Dès le matin au petit jour
Et à midi
Et à minuit
J'aime rêver
Rêver d'amour
Rêver encore
Rêver toujours
Me faire dorer sur la plage au sommet des montagnes
Surfer sur les embruns dans les sables qui se perdent
La mer à la montagne
La montagne à la mer
Le soleil sur la lune
Et nous sur son étrave
Naviguant aux étoiles
Les comètes comme sillage
Et j'aime aussi mes peines
Et encore mes chagrins
Ivre de ma joie toujours
J'aime sentir mes troubles se diluer dans l'eau
Se dissoudre dans le vent
Je suis petit
Tout petit
Tout blotti sur le dos d'un oiseau
C'est un grand goéland
Il m'a pris sous son aile
Il m'emporte très loin, dans les replis du temps
Et je rêve d'impossible
Douceur du temps qui passe quand l'amour me caresse
Antoine Leprette
30 octobre 2019
La maison du pêcheur
Locmiquélic
Extrait du recueil « Pour les yeux d’Isa » Inédit