Poème publié dans le n° 188 (septembre 2022) de la revue Florilège :
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S’endormir seul et s’éveiller dans un monde imprévu
Tu es là, devant moi
Tu me prends par la main
Et nous volons au loin
Le monde s’est ralenti
Il est presque à l’arrêt
Et nous habitons pleinement ce petit bout de Temps
Cette seconde de certitude
Dans ce monde mouvant
Juste fermer les yeux
Et sentir la vie aller
L’eau couler
La sève monter
Sentir naître le monde
Pour rien
Gratuit !
Antoine Leprette
Dimanche 3 juillet 2022
La Maison du Pêcheur – Locmiquélic
Poème publié dans le numéro 107 de la revue Poésie sur Seine de septembre 2022 sur le thème "La montagne" (cliquer sur la page de couverture)
Adossé à la roche, où les oiseaux se marient à la pierre
Laisser venir l’espace
Se laisser envahir
Contempler la nudité du ciel
Laisser perler l’eau du torrent
Se gorger de son froid
S’ébouriffer de vent
Vivre en se laissant traverser par le léger ondoiement des herbes et des fleurs
Allumer un feu
Être le témoin du mariage des braises et des étoiles
Marcher, grimper
Là haut
Toujours plus haut
Encore plus haut
Goûter à cet air réservé aux oies sauvages
Et là, oubliant tout ce que l’on sait
Contempler, s’émerveiller
Se sentir pleinement au monde
Antoine Leprette
Dimanche 3 juillet 2022
La Maison du Pêcheur – Locmiquélic
« Songeries » (recueil en préparation)
Il pleut dans mon jardin
Les gouttes tombent enfin, larges et grasses
Un bonheur désuet
A contre temps sans doute
Mais un bonheur si vrai
La joie de voir le vert revenir
La joie de sentir l’humus se remplir
Les fleurs s’épanouir
Un escargot qui passe
Une limace
Le gris du ciel apaise mes yeux trop bleus
Trop brûlés d’avoir trop contemplé l’air vibrant provençal
Les sables du désert
Les forêts tropicales
Il pleut sur la Bretagne
Cliché ?
Non ! Événement !
La Bretagne surchauffée par un soleil trop blanc
Que des hommes fous attisent
Tous les jours un peu plus
Activant le soufflet de leur forge assassine
La Bretagne est sans eau
Mais le soleil fascine le citadin meurtri
Cloîtré dans son antre de béton, de métro, de bitume
Le citadin enfoui qui rêve de peaux dorées
De plages bondées
De nouveau Saint-Tropez
Et tant pis pour la forge, les forgerons et leurs excès
Et tant pis pour demain, demain est autre chose
Il pleut dans mon jardin
Un merle se cache sous le lilas
Je ris !
Antoine Leprette
Mardi 07 juin 2022
La Maison du Pêcheur – Locmiquélic
« Songeries » (recueil en préparation)
Poème publié dans le n° 106 (avril 2022) de la revue Poésie Sur Seine sur le thème "Les fleurs":
Je marche dans la rue.
Une fleur me dit : « Bonjour ! »
Je passe,
Je m’arrête,
Me retourne,
« Bonjour ! »
Elle est là
Sur le mur,
Un vieux mur de pierres,
Esseulée dans la ville.
« Qui es-tu ? »
« Tu ne me reconnais pas ?
Je suis la fleur,
La fleur perdue,
Oubliée,
Jetée dans les poubelles d’un romantisme que l’on dit désuet,
Assassinée au nom de la productivité,
Éradiquée des champs,
Supprimée des pavés.
J’ai du migrer,
M’exiler.
Je me suis accrochée sur les pierres du vieux mur,
Tant qu’elles sont là (le béton avance qui ne m’aime pas).
Les abeilles ont disparu,
Mes amantes ne sont plus.
Je suis la fleur,
La fleur perdue.
Je suis une couleur,
Me transforme en parfum.
Je viens hanter vos rêves
De raisons raisonnées.
A peine fleurie,
Déjà perdue,
Je renaîtrai demain,
Si bitume et béton
Ne m’ont pas délogé.
Reine de l’éphémère,
Je parfume vos vies.
Je suis la fleur sauvage
Qui pousse sur le pavé,
La fleur des champs assassinée
Par des mécaniques aveuglées.
Pesticidée, herbicidée, fongicidée,
L’abeille est ma compagne
Bientôt asphyxiée.
Je suis la fleur,
Ta fleur.
Fleur de cœur !
La fleur de Béranger,
Le coquelicot de Manet,
L’aubépine d’Hugo,
La fleur traquée
Qui hante vos sommeils informatisés
Au rythme de vos algorithmes,
Vos cervelles sucées,
Vos neurones rongés.
Je suis la survivante
D’un monde oublié,
La fleur sauvage,
La fleur du pavé,
La fleur des champs pulvérisée,
La fleur qui est l’œil
Qui regarde dans les tombes de nos vies résignées.
Au revoir ! »
« Au revoir ! »
Je lui souris,
Fais un signe de la main,
Timide,
Et reprend mon chemin,
Les mains derrière le dos,
Le front penché,
Triste !
Antoine Leprette
Jeudi 30 décembre 2021
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
Poème publié dans le n° 187 (juin 2022) de la revue Florilège :
Ton esprit a rejoint le doux pays des rêves
Tu as gagné enfin l’étrange pays des songes
Tu m’y retrouve parfois dans mes rêves éveillés
Tu viens m’y rencontrer dans mes songes nocturnes
Es-tu toi-même un songe ?
Notre vie fut-elle une longue rêverie ?
Tu as pris tes quartiers dans un petit village
Qui a pour nom mémoire, place des souvenirs
Je viens t’y retrouver quand mon âme esseulée
S’abandonne aux émois de notre cher passé.
Je souris,
Te souviens-tu ?
Nous étions si heureux dans la rue
La rue des Pas-Perdus
La maison du Guetteur
La Douce
La maison du Pêcheur
Aujourd’hui, mes pas s’égarent dans ce nouveau village
Je guette tes empreintes
Je pêche mes souvenirs
Si doux.
Tu n’es pas toujours là
Ton visage se cache
Me serai-je perdu ?
Le Temps fait son affaire.
Antoine Leprette
Lundi 3 janvier 2022
La maison du Pêcheur – Locmiquélic
«Après le départ d’Isa» (Recueil en préparation)